Coupe Lalla Meryem (LET) : Isabelle Boineau excellente 5e

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Supportrice du FC Barcelone, Iturrios rafle la mise

Les extraterrestres de genre féminin existent. On peut même les rencontrer à Rabat, un jour de pluie battante sur le Royal Golf Dar es Salam. Elle a un petit nez légèrement en trompette, une longue tresse châtain, elle rit même sous la pluie. Nuria Iturrios a vingt ans. Originaire de Palma de Majorque et supportrice du FC Barcelone, les conditions de jeu cataclysmiques la stimulent. Aussi trempée, à tordre, à essorer, que les soixante-et-onze finalistes de la Coupe Lalla Meryem, la jeune Espagnole a signé un véritable exploit, ce dimanche au Maroc. Jouer 70 ou 71 était déjà une prouesse au regard des conditions météo vraiment terribles de la journée. Iturrios a joué 65 (-7), explosant les rares 69 (dont celui de Gwladys Nocera dans le deuxième tour) qui constituaient la meilleure marque du tournoi – quand la météo était encore clémente en plus. Avec un score total de -11, elle laisse Florentyna Parker, (73, score final de -5) à six coups. Alors que l'Anglaise avait mené trois tours durant ! Même impuissance pour l'Américaine Angel Yin, 3e à -4. En regardant la señorita Nuria signer son huitième birdie au 18 grâce à un putt de sept mètres, alors qu'à ses côtés les deux Anglaises, Parker mais aussi Liz Young (cette dernière enceinte de quatre mois), dégoulinaient de ras-le-bol et d'humidité, on ne pouvait que penser que les dieux de la pluie étaient avec elle ce 9 mai. Iturrios s'est vraiment dépouillée pour rafler le chèque de 75 000 euros offert à la lauréate de cette Coupe Lalla Meryem, dotée en tout de 450 000 euros.

Isabelle Boineau, 5e comme au Lacoste Ladies 2014

« Ce qu'elle a fait est exceptionnel », acquiesce Isabelle Boineau, sortant du recording avec son bonnet archi-trempé sur la tête. De quoi n'avoir aucun regret car Isabelle, ainsi que les deux jeunes joueuses d'avenir qui se retrouvent 5es ex aequo avec elle – la Danoise Emily Pedersen et la Suissesse Albane Valenzuela – pointent à dix coups (!) de l'Ibère venue d'une autre planète. Encore moins de regrets pour les Françaises dont le tournoi se finit plus loin : Sophie Giquel-Bettan et Justine Dreher, 36es à +8 ; Gwladys Nocera (dimanche « sans » pour la leader des Bleues et tenante du titre) et Caroline Afonso, 41es ex æquo à +9 ; puis Ariane Provot et Valentine Derrey, 55es à +13… Avec cette très belle place de 5e, Isabelle Boineau égale sa meilleure perf' de carrière, elle qui avait été 5e au Lacoste Ladies Open de France en 2014. « Vu les conditions, admet-elle, je suis super contente. Ça va me faire du bien pour la suite de la saison. On revoit les objectifs à la hausse ! » Contrairement à beaucoup d'autres joueuses présentes à Rabat (Dreher, Bonetti, Cappeliez), Isabelle Boineau n'a pas prévu d'aller tenter les qualifications de l'US Open. « Je me concentre sur le circuit européen, sachant que si je suis dans le top 25 du LET fin juillet, je serai qualifiée pour le British Open. Mais le plus beau, ce serait de jouer l'Évian Championship en septembre. Et pour cela, il me faut une victoire ! »

Une journée mal goupillée et mouillée pour Lucie André

Comme tout le monde, Isabelle a souffert sur le parcours Bleu du Royal Golf de Rabat. À commencer par ce bogey du 1, qui aurait même pu finir en double : « Avec toute cette pluie, le rough était vraiment mouillé et je me fais une "capone" (balle qui ne vole pas et qui s'écrase immédiatement). Dix mètres, pas plus. J'ai même dû rejouer dans le rough. Ce trou-là, d'entrée, m'a un peu énervée ! Mais je me suis vite dit : calme ta joie, il va falloir accepter. Par exemple de jouer de longues cannes, fer 4 ou fer 5 en deuxième coup, ou de multiplier les virgules… » De son côté, Lucie André, 4e à -3 après trois tours mais qui se retrouve 16e à +4 au final (une carte de 79, six bogeys, un double, un birdie) aurait aimé ne penser à rien… « La pluie était horrible », raconte-t-elle. Et puis tout s'est mal goupillé. Un cadet local qui remet son parapluie trempé direct dans le sac après l'échauffement déjà exécuté sous des cordes. Ce qui mouille les clubs dès le trou n° 2. Plus des gants de pluie oubliés à l'hôtel. Plus une tenue de pluie au caractère waterproof incertain : « Je vais la jeter ! » (rires). Plus des chaussures imbibées d'eau : « Ça, c'est parce que j'ai passé du temps dans le rough. » Pour Lucie, le spleen météo fût total. Le tout raconté avec honnêteté et une pointe d'ironie finale : « Après neuf trous, j'en avais déjà ras-le-bol et j'ai un peu balancé la partie. Heureusement, mon caddie a fini moins trempé que moi ! » À leur décharge, les cadets marocains (obligatoires même si beaucoup de joueuses préfèreraient jouer en tirant elles-mêmes leur sac) n'ont guère l'expérience de ces épisodes de pluie battante. Voire pas l'expérience globale vantée au départ…

Le grand dimanche de Mathilda Cappeliez, 18 ans le 13 mai

Ainsi, samedi, Mathilda Cappeliez expliquait-elle déjà les « prouesses » de Gaita (Guéta, Guetta ?), son caddie de dernière minute, assez éparpillé sur le dance-floor du parcours Bleu. La jeune amateur haut-savoyarde s'est raisonnée. Elle a fait avec. Du premier au dernier jour. Et franchement, ce que Mathilda a réussi ce dimanche à la Coupe Lalla Meryem est assez extraordinaire. Dix-sept pars et un birdie : une carte de grande joueuse expérimentée. Une des rares sous le par dans cette journée dantesque. La demi-finaliste de l'US Amateur en 2015 a tout géré. Le fait de partir à 7 h 45, seule avec la jeune Allemande Cowan dans l'incognito froid et pluvieux du trou n° 10, la pluie épouvantable, les remix folkloriques de Gaita, prince des platines, etc., etc. Avec même un commentaire gracieux et très avisé à l'arrivée : « Quand il y autant de paramètres négatifs, il faut faire abstraction de tout. C'était la galère, on était extrêmement mouillées. Bien sûr, je faisais des erreurs, mais comme tout le monde. Je l'avais dit : toute la semaine, mon jeu a été bon (cartes de 74, 74, 73, 71). Malgré les erreurs de ligne au début et parfois trop d'adrénaline au putting. Là, vu la pluie, je me suis adaptée. J'ai été patiente. En jouant beaucoup de chips et de putts longs pour réussir à rester sous le par. Je suis très contente de cette carte ! » En trois participations à la Coupe Lalla Meryem en tant qu'amateur, Mathilda Cappeliez signe trois performances significatives : 25e en 2014, 27e en 2015, et donc 16e, le record, pour cette édition 2016 qui a la valeur de son exceptionnel dernier tour exécuté sous sa totale direction personnelle et sous le ciel en colère du Maroc.