Évian Championship : Reçues quatre sur quatre !

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Karine Icher : nouvelle bataille gagnée pour la n° 1 française

C'est une performance pas loin de l'historique que les Françaises engagées dans l'Évian Championship viennent de signer ce vendredi sur les hauteurs du lac Léman. Reçues quatre sur quatre ! Toutes ont passé le cut fixé à +3. Toutes de façon assez large. Ce qui ne veut pas dire que la journée sous la pluie a été un long fleuve tranquille. À un moment ou à un autre, toutes les quatre ont dû batailler. Passer le cut d'un Majeur n'est jamais facile. Passer le cut à Évian pour une joueuse tricolore encore moins. Karine Icher, la numéro 1 française, actuelle 27e de la Money List du LPGA Tour et qui vient de remonter vingt places - de 66e à 46e - au classement mondial (le Rolex Rankings) grâce à une récente place de 2e au Canada, a encore vécu cela de l'intérieur. Bien placée après le premier tour (71, par, 39e), la joueuse de Châteauroux attaquait son deuxième tour d'une manière idéale : birdie au 1, birdie au 2. Avec sept pars à suivre, elle bouclait son aller à -2 au score total. Passer le cut paraissait alors une formalité. Sauf que deux bogeys l'attendaient aux 10 et 12. Puis un double bogey sur le par 5 n° 13 ! Son total passait à +2 à cinq trous de la fin… Potentiellement de quoi psychoter. Mais c'était sans compter sur l'expérience et surtout le niveau de jeu permanent d'Icher. Avec trois birdies aux 14, 16 et 17, la Berrichonne se sortait du danger avec maîtrise et panache. Sa carte de 70 ramenait même son score total à -1, synonyme de 36e place provisoire. Nouvelle bataille gagnée puisque c'est la troisième fois, en quatre éditions de The Évian, qu'elle va jouer le week-end, record absolu pour une Française.

The french team made the cut, congrats ! See you tomorrow on the course @KarineIcher @celineherbin @IsabelleBoineau Joanna Klatten

— Evian Championship (@EvianChamp) 16 septembre 2016

Céline Herbin : Manchester United, le Barça et cinq birdies

Pour sa toute première participation à l'Évian Championship, Céline Herbin a réussi quelque chose d'assez exceptionnel aussi. Partie du 10 et sous la pluie à 7 h 45, la native d'Avranches signait son propre 70 (-1), synonyme de par total, de place de 43e et donc de cut bien franchi. Rien n'était acquis après les neuf premiers trous (du 10 au 18) bouclés avec trois bogeys pour un birdie : « Il a plu beaucoup au début, c'était difficile, mais j'étais tellement concentrée sur mon jeu que je ne saurais dire si l'averse s'est arrêtée au 13 ou 14… » Pour ne pas se projeter, pour réussir à rester mentalement « en dehors du résultat », Céline a pu compter sur son cadet anglais, Andy Dearden : « On a plutôt parlé foot. Lui est un fan de Manchester United, moi du Barça ! » Avec une concentration mobilisée sur les seules phases de jeu, le meilleur est arrivé. Deux coups de fer 8 somptueux aux 1 et 3, pour deux birdies : « À quinze centimètres du drapeau les deux fois. Je n'ai même pas eu besoin de regarder la ligne pour putter. » Un troisième birdie suivait au 4 avec ce putt « d'au moins 15 mètres » qui rentre. Belle frayeur ensuite au par 3 n° 5 (180 mètres avec le lac à survoler). Un push malheureux, avec une balle partie sous un buisson de fleurs, que la jeune femme dût chipper à l'aveugle, comme si elle avait un bandeau sur les yeux, juste guidée par les indications d'Andy… « Là, je m'en sors bien avec un bogey ! » Avec un ultime birdie au 9, Céline Herbin sortait du ring sereine : « Rien n'était facile aujourd'hui. Et j'ai super bien répondu en jouant 32 sur le retour. » Coup d'essai, coup de maître, Miss Herbin ! « Oui, bon… (mimique pour relativiser) C'est vrai que je suis 101e de la Money List du LPGA Tour, l'une des joueuses les moins bien classées ici. Donc c'est un bon résultat, surtout sur un parcours aussi exigeant. Et ce week-end, je suis prête à en profiter un maximum ! »

Joanna Klatten : Réussir, même en étant l'anti-Bryson DeChambeau

S'il en est une qui n'avait même pas à attendre de jouer les troisième et quatrième tours pour en profiter avec un sourire jusqu'aux oreilles (qu'elle a jolies), c'est bien Joanna Klatten. Enfin ! Le cut à Évian après trois tentatives ratées ! Ceci, avec une carte de 70 et le par total pour être 43e ex æquo avec Céline Herbin, entre autres. Depuis 2013, la Parisienne n'avait en effet jamais réussi à passer ce fichu cut. Capable d'être aux niveau des meilleures mondiales comme l'a encore prouvé sa place de 6e sur le LPGA Tour, en avril dernier au Lotte Championship à Hawaï, Joanna était jusque là trop souvent trahie par son petit jeu. Et puis le Zorro d'Évian est arrivé… « Je dis : Merci Thomas Levet ! Même s'il risque de prendre la grosse tête, à force. Oui, j'ai pu faire 45 minutes de putting et près d'une heure de chipping, ici avec Thomas. Et aujourd'hui, les putts sont rentrés. C'était un tel kiff. Cela ne m'était plus arrivé depuis Hawaï justement. Pareil au chipping. Dans ce deuxième tour, j'ai réussi des choses que je n'avais jamais faites. Je sais pourtant que j'ai de bonnes mains. Que je suis créative sur un parcours de golf. Mais il fallait que je sois mieux à l'adresse. Comprendre ce type de détail technique a toujours été compliqué pour moi. À l'école, c'était déjà la même chose pour la physique. J'étais une buse ! Je n'ai aucune intelligence au golf pour ce genre de chose. Je suis l'inverse d'un Bryson DeChambeau(le jeune Américain vainqueur de l'U.S. Amateur en 2015, féru de technique et novateur en matière de clubmaking, ndlr) ! Alors là, je suis tellement contente. Je suis hyper-fière. Ce week-end, je vais attaquer ! Je vais m'amuser ! »

Isabelle Boineau : Du stress, mais un »objectif de vie » déjà atteint

Isabelle Boineau, la quatrième Française à passer le cut, a bien l'intention aussi de vivre sa fin de semaine à fond. Juste un coup derrière Joanna Klatten et Céline Herbin avec une carte de 71 qui l'a placée 49e à +1 total, la jeune Marseillaise a connu une journée un peu semblable à celle de Karine Icher. Les choses semblaient couler de source sur son aller (du 10 au 18). Deux birdies pour un bogey, quasiment pas un nuage à l'horizon, exceptés ceux qui délivraient une petite pluie fine et froide sur le parcours haut-savoyard. Le retour, avec un birdie au 1, s'annonçait dégagé aussi. Quand une série de trois bogeys, aux 2, 3 et 6 déclenchèrent une petite alerte. Mais la lauréate de l'open d'Écosse réagissait vite, avec un ultime birdie au 7 et deux pars pour finir. « Quand cela s'est mis à mal tourner, je me suis dit que ce n'était pas possible, que je n'allais quand même pas craquer après 27 trous. Il y a eu un passage un peu difficile. Je me suis même un peu disputé avec mon caddie au sujet d'un fer 7 que je n'avais plus envie de taper parce que j'avais raté le 3 avec. D'ailleurs, ce fer 7, je vais le laisser à la maison ! » Isabelle raconte bien les affres de la golfeuse qui veut très fort passer le cut d'un Majeur : « Après le premier tour, où je ne tapais pas super bien la balle, je suis allée m'exciter une heure et demie au practice. Cela a été une heure et demie de perdue. Si j'ai tapé beaucoup mieux ce vendredi, c'est plus grâce à l'heure de massage que j'ai pu faire ensuite ! » Numéro 3 à l'ordre du mérite européen, Isabelle Boineau peut enregistrer, en passant, que l'Américaine Beth Allen, leader du ranking sur le LET, n'a de son côté pas passé le cut. De quoi grappiller quelques points sur elle ce week-end, même si l'essentiel n'est pas là : « Je viens de vivre le stress maximum. Passer ce cut, c'était un objectif de vie ! Maintenant, je vais être relaxe et profiter du tournoi. »