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Gwladys Nocera : « La grippe fait plus de victimes que Zika... »

En 2016, Gwladys Nocera a joué sept tournois sur le LET et franchi cinq fois le cut

Porte-drapeau du golf français féminin avec Karine Icher, l’ancienne numéro 1 européenne a toujours beaucoup de mal à comprendre pourquoi tant de golfeurs ont décidé de déclarer forfait pour les Jeux en raison du virus Zika. Alors que toutes les meilleures joueuses seront à Rio. 

Les quatre prochaines semaines s’annoncent chargées pour Gwladys Nocera. Quinze jours au Royaume-Uni, d’abord en Ecosse pour l’un des événements les plus importants de la saison sur le Ladies European Tour (LET), puis à Woburn, au nord de Londres, pour le British Open. Cela sera d’ailleurs son quatrième Majeur consécutif en 2016, après une 38e place acquise à l’US Open le 10 juillet. Il y aura ensuite les Jeux Olympiques, et notamment le tournoi féminin programmé du 17 au 20 août. Un événement que la lauréate de quinze titres sur le Circuit européen ne veut manquer sous aucun prétexte !

Pour ce grand rendez-vous des Jeux Olympiques à Rio (5-21 août), allez-vous vous préparer différemment d’un tournoi habituel ?
Non, ce sera pareil. Je prends ces JO comme un Majeur. Je vais m’entraîner comme je fais d’habitude. La seule restriction, c’est que je ne pense pas avoir le temps de voir Benoit (Ducoulombier, son coach, Ndlr) d’ici à mon départ au Brésil. Je suis pour deux semaines en Grande-Bretagne. D’abord sur le Ladies European Tour (Scottish Ladies Open du 22 au 24 juillet au Dundonald Links) puis pour l’Open britannique (28 au 31 juillet à Woburn). J’ai ensuite un stage de deux jours à l’INSEP, au début du mois d’août (1er et 2). Je rentre chez moi quelques jours et je pars le 12 août pour le Brésil. Cela va aller vite.

Donc, pas de cérémonie d’ouverture pour vous ?
Non. En revanche, je fais la cérémonie de clôture.

Participer à la grande fête des Jeux, entourée par des milliers d’athlètes, qu’est-ce que cela représente pour vous ?
Je ne réalise pas trop que je vais participer aux Jeux. C’est un truc qui fait rêver les sportifs mais aussi tous les non sportifs. C’est un événement que tout le monde regarde avec beaucoup d’attention. Jamais je n’aurais imaginé un jour jouer au golf et aller à Rio... C’est désormais la réalité. Et c’est devenu un objectif pour moi. C’est difficile à expliquer. Je pense que je serai certainement plus précise dans mes propos une fois que je serai revenue de là-bas. Le tournoi de golf sera dur car tout le top 60 mondial est là. Les meilleures sont au départ mais j’ai une chance. Je sais que je joue bien en ce moment. Ramener une médaille pour mon pays et aller sur le podium, c’est un truc de gosse, qui fait rêver n’importe quelle personne qui a touché au sport de près ou de loin. Je vais tout faire pour !

Durant votre séjour au Brésil, serez-vous logée au village olympique ?
Oui, évidemment. On ne côtoie pas souvent des sportifs d’autres disciplines... Alors il faut en profiter. J’ai eu la chance d’aller à plusieurs reprises aux Etoiles du sport côtoyer d’autres athlètes d’autres sports... Mais c’était il y a longtemps et beaucoup ont pris leur retraite. Là, à Rio, je vais avoir envie de profiter de tous les moments. Ce sera quelque chose de tout nouveau pour moi. Je vais ouvrir grand les yeux et en profiter à fond.

Quels sont vos souvenirs marquants de votre jeunesse sur les Jeux Olympiques ?
Quand j’étais petite, c’était surtout Carl Lewis. J’étais fan. Après, il y a eu Laura Flessel et toutes ses médailles, Marie-Jo Pérec, David Douillet, Jean-François Lamour en escrime... Il y en a eu tellement. Plus récemment, je ne peux pas ne pas citer Usain Bolt, qui a marqué les esprits. Et puis Roger Federer qui a les larmes aux yeux quand il gagne en double (à Pekin en 2008 avec Stan Wawrinka, Ndlr). Ce sont des choses qui touchent tous les vrais sportifs... Et puis il y a eu le handball. J’adore le hand. Quand les garçons ont gagné à Pékin puis à Londres, c’était génial. C’est tellement beau que ça fait rêver. Bref, je suis super fière de pouvoir y aller.

Prendrez-vous du temps pour suivre d’autres compétitions ou allez-vous surtout vous concentrer sur votre tournoi de golf ?
Je vais évidemment me concentrer sur mon jeu car je suis là-bas pour représenter mon pays et mon sport. Mais je vais aussi en profiter pour aller voir d’autres sports. J’ai déjà regardé les programmes. Quand j’arrive, il y a la fin du tournoi de tennis. Je vais donc essayer d’aller voir ça. Il y aura Djokovic, Nadal et Federer... Il y a aussi la paire française en double (Mahut-Herbert). Il y a également la fin du tournoi de hand. Sur le dimanche de la clôture, il y a tous les relais en athlétisme. J’adore le 4x100, le 4x400 mètres...  

Il faut quand même que l’on parle du virus Zika, qui a fait couler beaucoup d’encre et qui est à l’origine d’une cascade de forfaits, notamment chez les hommes... Quel est votre avis sur la question ?
Chacun sa manière de voir les choses. Le virus a fait un mort je crois. La grippe fait plus de victimes que Zika. Il n’y a pas grand risque. Ou alors on n’a vraiment pas beaucoup de chance. Il va falloir se protéger, faire attention. Je trouve vraiment dommage qu’il y ait autant de garçons qui se soient scratchés. Il y a énormément de personnes qui se sont battues pour que le golf revienne aux Jeux, pour que le golf soit enfin reconnu comme un sport à part entière... Et là, les meilleurs mondiaux ne veulent pas venir. Je trouve ça dommage. Après, je trouve super que toutes les joueuses aient décidé de venir... 

C’est d’ailleurs assez paradoxal car les femmes, face à ce virus, sont en première ligne finalement...
C’est vrai ! Toutes les joueuses qui souhaitent avoir un enfant sont les premières concernées. Pas les garçons. En tout cas, de ce que je lis des autres joueuses, elles sont extrêmement fières de représenter leur pays et leur sport. C’est le plus important. Les joueurs ont beaucoup de tournois mais nous aussi, on en a beaucoup. Stacy Lewis ou Lydia Ko jouent plus de 50 tournois par an. Et pour rien au monde elles ne manqueraient les Jeux. Je trouve ça beau et je préfère regarder ce point de vue que les autres... Le seul problème, c’est surtout l’année prochaine quand il va falloir statuer sur le maintien du golf aux Jeux. Les récents propos de Rory McIlroy vont certainement peser dans la balance, hélas. Qu’il n’ait pas envie de venir à Rio, ça le regarde, mais j’aurais aimé qu’il continue à soutenir le golf à Rio. Or, ce n’est pas du tout ce qu’il a dit (juste avant l’Open britannique, le Nord-Irlandais avait lâché : " Je ne joue pas au golf pour le développement de ce sport et pour essayer de le rendre populaire. Je joue au golf pour gagner des championnats et des tournois majeurs. Moi, je joue pour gagner, pas pour amener des golfeurs sur le terrain ", Ndlr). Et malheureusement, ce sont les autres qui vont trinquer. Et plus particulièrement les filles car, elles soutiennent cette nouveauté. Vivre une expérience comme celle des Jeux est un moment unique. Et il était pour moi hors de question de passer à côté ! Rio sera l’un de mes derniers grands événements. Moi qui suis une grande sportive, finir à Rio, c’est une chance extraordinaire. Le golf fait enfin partie de la famille des sportifs. 

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