Gwladys Nocera montre le cap

Dans un premier tour dominé par la Coréenne Hyo Joo Kim (65) devant Ko et Kerr (66), seule Nocera, 23e (70) est restée au contact des meilleures. Karine Icher (74), Lucie André et Jade Schaeffer (75) sont ensuite les mieux placées.
Réveil à 3h30 pour les toutes premières joueuses
C’est Lydia Ko, la petite surdouée néo-zélandaise, qui raconte le mieux ce que signifie prendre le départ d’un Majeur à 6h40: « J’avais mis le réveil à 3h30. Et j’ai gardé le doigt sur le bouton « snooze » de mon téléphone jusqu’à ce que je réalise et que je me décide à sortir de mon lit. Moi qui ai besoin de neuf heures de sommeil, il aurait fallu que je me couche à 18h30, mais ce n’est pas évident. Alors, je suis allée me coucher à 20h30. Avoir un départ à 6 heures et des poussières, c’est vraiment dur. Mais bon, une fois que je suis levée, ça va. Je suis prête! Pour le petit déjeuner, ça allait car nous avons un coin cuisine dans notre chambre. J’ai réveillé maman et c’est elle qui a fait le chef. » A 18 ans, la jeune numéro 2 mondiale (derrière la Sud-coréenne Inbee Park) est un vrai bonheur en interview, intarissable sur tous les sujets. Mais Lydia ne fait pas que causer, elle joue! Pas du tout endormie dans le premier tour du Women’s British Open, Mademoiselle Ko prend d’entrée la seconde place provisoire, ex aequo avec l’Américaine Cristie Kerr (66, -6) et à un coup de la leader sud-coréenne Hyo Joo Kim (65, -7). Cette dernière étant bien connue des services français pour avoir remporté en septembre 2014 la deuxième édition de The Evian Championship.
Gwladys: un aller up and down, un retour parfait
Dix minutes avant Lydia Ko, c’est à dire à 6h30, encore plus tôt, Gwladys Nocera plantait son tee au n°1 de l’Ailsa Course de Turnberry. Même réveil au milieu de la nuit, donc, pour la Française. Mêmes préparatifs aux aurores, dans un quasi incognito, le site étant vide de spectateurs. Et pourtant, même très bonne tenue sur le parcours, avec une carte de 70 qui laisse à Gwladys toutes ses chances de jouer avec les meilleures d’ici à la fin de la semaine. Au lever du soleil, par des conditions ultra-matinales mais néanmoins très bonnes, la leader française à l’Ordre à l’Ordre du mérite européen a dû batailler sur les dix premiers trous: bogey au 2 (un trou qu’elle disait craindre), birdie au 3, bogey au 4, birdie au 9, bogey au 10… Un peu les montagnes russes, avec un + 1 provisoire à cet instant. Mais l’expérimentée Gwladys ne s’est pas affolée. Et c’est un modèle de finish qu’elle a su sortir, avec trois birdies aux 13, 14 et 16. Du solide. Du concret. Du Nocera. Même privée de son coach, Benoit Ducoulombier, qui n’a malheureusement pas pu être présent cette semaine à Turnberry (Benoit a par ailleurs accompagné avec succès le jeune amateur Romain Langasque - cut franchi- il y a quinze jours à l’Open britannique à St Andrews), Gwladys assure. Un bon départ, donc, qui la maintient dans son ambition de faire aussi bien, sinon mieux, que sa place de 12e l’année dernière au Royal Birkdale.
Karine: la double peine dans un « pot bunker »
Quand la même Gla Nocera, avant le coup d’envoi du tournoi, prédisait avec une tête mi-soucieuse mi-joueuse: « Ca va être chaud… », il fallait la croire. L’Ailsa Course, par beau temps, ne paraissait pas si méchant que cela. Mais ne jamais se laisser endormir par la beauté d’un links, surtout quand il est en prise directe sur une des côtes de l’Ecosse et qu’il comporte son quota de pot bunkers, ces bunkers en forme de marmites aux bords abrupts. Même s’il y a eu, ce jeudi, de très bons scores -avec en particulier Hyo Joo Kim, Lydia Ko ou Cristie Kerr-, les cartes passaient vite du négatif (sous le par) ou positif (au-dessus). Illustration avec Karine Icher, extrêmement bien partie avec un eagle au par cinq n°3 (« Je touche le green en deux coups et je rentre un putt de sept mètres ») mais vite pénalisée par une balle injouable dans le bunker du par 3 n°6: « La balle était contre la paroi. Impossible de faire quoi que ce soit. J’ai dû me dropper. Et je fais double bogey ». Parvenue au n°9 en -1, grâce à un nouveau birdie au 7, Karine perdait tout son bénéfice avec trois bogeys sur le retour: « Il y avait un peu de grain sur les greens et je n’ai vraiment pas mis les putts qu’il fallait. Mais rien d’autre sinon. Mon jeu était plutôt pas mal. » Karine Icher, avec son expérience, donne un avis simple mais éclairé sur l’Ailsa Course: «Ca peut paraître presque facile… tant que cela se goupille bien. Mais c’est un links. Et les links sont toujours très dessinés, on le sait… »
Céline: huit trous assez géniaux, puis le fatal n°9…
Très dessinés: c’est à dire faits pour sanctionner la moindre décision inappropriée, le moindre coup un peu incertain. Céline Boutier, la jeune amateur récente lauréate du British Ladies allait vérifier ce sous-entendu sur le terrain. Mise à l’honneur pour ce titre de british champion extrêmement respecté dans le monde anglo-saxon, Céline joue ses deux premiers tours avec la numéro 1 écossaise, Catriona Matthew (vainqueur de l’Open britannique en 2009) et la Norvégienne Suzann Pettersen, multi-décorée dans les Majeurs et la meilleure Européenne au plan mondial. Brillante sur huit trous (-2 au total), elle comblait sa maman, Jacqueline, spectatrice concentrée, ainsi que Edouard Brechignac et Karine Mathiot, les deux entraîneurs de l’équipe de France dames qui l’ont suivie alternativement depuis l’année 2009. Annulant quelques drives un peu excentrés avec des seconds coups impeccables, signant des sorties de bunker d’école et des putts parfaits, la Parisienne de 22 ans en remontrait presque à ses deux grandes aînées.
Jusqu’au départ du par 4 n°9… Un drive dans le petit rough à droite, un second coup trop appuyé qui passe dans la pente du green côté mer… C’était le double bogey au mauvais trou et au mauvais moment. Celui qui laisse des traces. Avec un autre double au 12 et trois bogeys aux 10,11 et 13, Céline vivait sa black session. Un birdie néanmoins salutaire au 17 et c’était une carte de + 4. Pas rédhibitoire mais dommage, avec ce début de partie assez génial.
Marion OK à l’aller, Lucie au retour, Jade varie
Autre Française extrêmement à l’aise sur les premiers trous: Marion Ricordeau. Super motivée, heureuse d’être à Turnberry pour disputer le deuxième Open britannique de sa carrière, la Picarde faisait encore mieux que Céline Boutier avec un score de -3 après huit trous (trois birdies aux 1, 5 et 7). Mais comme Céline, Marion subissait un premier accroc au par 4 n°9, splendide trou panoramique dont le phare en arrière-plan annonce bien des naufrages. Trois bogeys entre le 12 et le 15, deux double bogeys aux 16 et 17 et juste un birdie pour arracher elle-aussi un 76… Journée opposée pour Lucie André: + 5 sur les neuf premiers trous mais une belle maîtrise sur les neuf derniers (deux birdies, sept pars) pour un 75 final. De son côté, Jade Schaeffer, avec une carte super contrastée à l’aller comme au retour signe un même 75. Avec une sacrée combativité d’autant que partie à 15h17, Jade achevait son premier tour presque à la nuit. Quant à Isabelle Boineau (78) et Anne-Lise Caudal (80), moins en réussite donc, elles devront jouer pour un exploit ce vendredi à Turnberry. On espère quand même que les filles seront plusieurs à passer le cut, histoire de faire mieux que les Français lors de leur Open britannique, ici à Turnberry en 2009. Deux qualifiés, pas plus, avec Raphaël Jacquelin et Thomas Levet. Et seul Thomas avait passé le cut pour finir 38e le dimanche sur l’Ailsa Course!
LES PLACES DES FRANCAISES
23. Gwladys Nocera (70), 93. Karine Icher (74), 106. Jade Schaeffer (75) et Lucie André (75), 116. Céline Boutier (76) et Marion Ricordeau (76), 132. Isabelle Boineau (78), 141. Anne-Lise Caudal (80)
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