Gwladys Nocera, tête haute

Pour la Française, n° 3 européenne et qualifiée pour The Evian Championship grâce à une victoire en juin à l’Open de Slovaquie, la saison 2013 est, quoi qu’il arrive, celle des ambitions retrouvées.
Par Nathalie Vion pour la Fédération française de golf
Dans l’élite de l’Europe cinq ans après avoir été n°1
Neuf fois, Cela fait neuf fois que Gwladys Nocera est présente à Evian. La numéro 2 Française, numéro 3 européenne et 111e mondiale aura connu les plus belles heures de l’Evian Masters, et donc, cette année, goûté au tournoi version Evian Championship. 73e à + 3 à l’issue du premier tour de vendredi, donc à neuf coups de la Japonaise leader Ai Miyazato, Gwladys savait qu’elle ne pourrait objectivement plus se mêler à la bataille des géantes pour le premier titre majeur jamais accordé sur le sol européen. Mais elle abordait son second tour de samedi avec force: «Je vais attaquer!» Suffisant pour passer le cut fixé aux 70 meilleures et ex aequo? Assez pour espérer être du troisième et dernier tour de demain dimanche et améliorer sa meilleure marque à Evian qui reste modeste en regard de son talent: 41e en 2006? Verdict ce soir... Mais on a envie de dire que, dans tous les cas, l’important est plus que la joueuse de Moulins, dans l’Allier (aujourd’hui résidente à Lausanne, juste de l’autre côté du lac) soit revenue dans l’élite européenne en 2013.
Quand le sourire s’allume, «une bête de compèt»
Troisième de l’Ordre du mérite avant de venir en Haute-Savoie (120 000 euros de gains) derrière la Sud-Africaine Lee-Ann Pace (180 000 euros) et la Norvégienne Suzann Pettersen (150 000 euros mais qui joue en priorité sur le circuit américain), Gwladys a déjà, cette année, atteint son propre objectif majeur: redevenir l’une des patronnes en Europe. Et ce, cinq ans après cette fameuse saison 2008, où elle avait remporté cinq victoires sur le LET (elle en est à onze au total) et était devenue la numéro 1 du Vieux-Continent. Gwladys Nocera fait partie de cette catégorie de sportifs (de personnes, même) qui fonctionnent sur le mode du tout noir/tout blanc. Sans confiance, elle peut s’éloigner de façon spectaculaire de son niveau intrinsèque. Tourmentée, mécontente des choses et d’elle-même, elle paraît alors faire tête basse, vaguement coupable aux yeux du monde alors qu’il n’y a vraiment pas de quoi, bien au contraire. En revanche, quand la mèche s’allume, que le sourire et les «perfs» reviennent, on voit apparaître un phénomène sous le vernis de l’hésitation, une bête de compétition bien loin de la joueuse inquiète et qui se déprécie elle-même. Et là, ça dépote!
«J’avais décidé de re-gagner sur le LET en 2013»
Il faut toujours tenir compte du fait que Gwladys, quand elle passe du «bad mood» au «good mood» peut frapper d’un moment à l’autre. La preuve en juin 2013, quand elle regagne sur le circuit européen, lors de l’Open de Slovaquie, cinq ans après le dernière de ses dix victoires sur le LET. Peu convaincue par sa parenthèse américaine de deux saisons sur le LPGA Tour incluant, selon elle «2011, une année noire», la Française était donc revenue en Europe en 2012, là où elle a ses repères, ses proches, tout ce qui contribue à son équilibre sportif et affectif. Bilan de cette année 2012: quatre top 10 en vingt-deux tournois. Pas mal, déjà. Mais bien sûr pas assez pour Gwladys et ses capacités réelles. Donc? «J’avais décidé de re-gagner en 2013», dit-elle simplement. Et quand Gwladys décide... Elle le fait! Sa victoire slovaque lui a donc permis d’être qualifiée pour The Evian Championship. Et de se relancer dans une quête de ré-appropriation du circuit européen. Bien sûr, le résultat d’Evian, avec beaucoup de points en jeu, devrait permettre à Suzann Pettersen, très bien partie dans le tournoi, de prendre un peu le large au classement du LET. Mais si ce n’est pas cette année, cela peut être pour la suivante. Sait-on jamais, en plus...
Revenue dans le bon wagon, «la tête haute un max»
Car mathématiquement, tout reste possible en 2013. «Je veux re-gagner cet Ordre du mérite européen, confie Gwladys. C’est vrai que tout peut basculer ici et que je vais sans doute avoir un peu de retard. On verra ce dimanche soir... Mais après Evian, il reste quand même cinq tournois, dont le gros de Dubaï...» Il faut aller chercher Gwladys loin pour lui rappeler que ce qu’elle a fait est déjà pas mal, très bien, même. Qu’elle est quand même numéro 3 européenne et que c’est un nouveau socle de départ pour mieux encore. Et que tout le monde a toujours été persuadé, bons résultats ou moins bons résultats, qu’elle a le talent et le coffre pour «performer» plus haut, plus loin encore... «Les gens sont persuadés que je suis une grande golfeuse? Peut-être, mais je pense qu’il ne faut pas écouter tout ce qu’on dit... Moi, je n’en suis toujours pas persuadée en tout cas! Ce qui est vrai, c’est que je suis revenue dans le bon wagon. Je garde la tête haute un max. C’est important, pour moi et les personnes que j’inclus dans ma performance.» Envie d’en parler? «Non.»
«Il faut que je sois offensive, et non sur la défensive»
Le premier tour de The Evian Championship, dont elle est donc ressortie 73e à + 3 , a bien sûr laissé Gwladys un brin sur sa faim: «Faire + 3 avec le jeu que j’avais!» Et une nouvelle fois, pas commode dans ses analyses: «Je fais un bogey sur l’un des pars 5 à cause d’une erreur de club. A notre niveau, c’est juste inadmissible.» Sans compter les 5h40 sur le terrain, la faute aux parties de devant qui traînaient sans être pénalisées pour autant: «Ca m’agace. Vraiment pas agréable d’avoir cette cassure en permanence. C’est insupportable.» Comment expliquer qu’avec un jeu qu’elle dit meilleur (malgré une «stat» pas totalement bonne de 31,56 putts par tour, cf. le site du Ladies European Tour») et d’autres beaux résultats en 2013 (6e Open d’Australie, 5e Open d’Espagne), Nocera ne soit pas tout à fait au niveau espéré et même mérité? «Je ne suis pas assez offensive! J’ai passé une étape dans mon jeu, mais pas encore dans ma tête...» Et Gwladys de conclure dans la même tonalité, honnête et sans concessions pour elle-même, sur ce qui conditionne ses chances de redevenir un jour la numéro 1 européenne: «Mais ça peut passer. Il faut juste que j’arrête d’être sur la défensive!».
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