Gwladys déjà sur un grand pied

Photo : Christophe Couvrat

Battue par une « quinqua », c’est un peu honteux (!). On en était restés à l’exposé sur cette cheville droite vrillée mi-avril à Valderrama. On retrouve une Gwladys Nocera qui repart du bon pied à Belek, en Turquie. Allons-y carrément: la numéro 1 à l’Ordre du mérite européen est entrée dans son tournoi sur un grand pied. Jouant tôt dans la journée, Gwladys a tout simplement marqué une carte de 68 (-5). Pas mal pour une junior de quarante ans moins cinq jours. Et même si c’était quand même un peu honteux, ce dimanche matin, de se faire battre par une quinquagénaire bien tassée! Une ancienne qui était à ce moment-là leader à 66 (-7)! Ah! La « quinqua », c’est Laura Davies? Bon, ben, c’est moins la honte alors, on admet!!! Sympa en tout cas pour l’Open de Turquie d’avoir ces deux noms bien identifiés du grand public golfique en haut de son leaderboard. En fin d’après-midi, Melissa  Reid venait compléter, et même coiffer, ce beau « podium » franco-britannique grâce à son intouchable -8.   

40 jours sans tournois mais riche en contacts positifs. Dame Laura, c’est sept victoires à l’Ordre du mérite européen (1885, 1986, 1992, 1996, 1999, 2004, ouf!). Gwladys, c’est un sacre à l’Ordre du mérite en 2008, le record européen sur une semaine (-29 en 2008 à Göteborg) et 14 succès d’étapes dont le dernier, le 29 mars au Maroc. On ne sera pas vraiment étonné du retour irréprochable de Damoiselle Nocera. La Française, bien que rongeant un peu son frein durant plus quarante jours sans tournois (entre le 3 avril au ANA Inspiration aux Etats-Unis et cette reprise du 17 mai sur le LET), a su optimiser sa période de guérison au maximum. S’entourant successivement de ces personnes que l’on dit « ressource » dans la bulle codée du sport de haut-niveau: d’abord les kinésithérapeutes Annabel  Donnadieu et Gilles Lanternier, puis Fred, son coach physique, et enfin Benoit Ducoulombier, l’entraîneur fédéral qui poursuit depuis trois ans avec elle le travail longtemps effectué avec Olivier Léglise. Le fait de pouvoir profiter à fond de ses proches avant d’attaquer le gros de la saison joue aussi sans doute dans la fraîcheur morale de la joueuse originaire de Moulins.

Toutes avec la Solheim cup dans un coin de la tête. Pour Gwladys, comme pour Laura Davies,  l’enjeu de ce tournoi qui débute un dimanche et s’achèvera donc mercredi (les joueuses expérimentent cette formule «début de semaine » qui peut donner plus de visibilité, notamment télévisuelle, au golf féminin) est à long terme aussi. Toutes deux visent une sélection dans l’équipe de Sollheim Cup, pour le rendez-vous de St. Leon-Rot, en septembre en Allemagne. Davies, qui aimerait y jouer sa 13e (!) Solheim a déjà rigolé à ce propos en Turquie. «Carin Koch ne va pas accorder un captain’s pick (joueuse sélectionné par choix de la capitaine) à une fille de 51 ans, qu’est ce que vous croyez?  Non, non, il faudra être dans les quatre…» Même avec onze ans de moins, et la perspective de jouer « seulement » sa 4e Solheim, Gwladys Nocera affirme elle-aussi que la seule façon vraiment sûre d’aller à Heidelberg sera « de finir la saison dans les quatre premières du classement européen de Solheim cup ». La Française est, pour l’instant, 3e de ce ranking derrière l’Anglaise Hull et la Norvégienne Pettersen.

Melissa Reid plus forte que les accidents de la vie. De son côté, Melissa Reid a joué la Solheim une fois, en 2011, année où elle fut aussi 2e de l’Ordre du mérite européen. C’était une époque forte, prometteuse, avec des perspectives infinies pour elle. C’était aussi avant le décès de sa mère en 2012 dans un accident de la route où son père fut, lui, gravement blessé. Un événement personnel qui a bien sûr mis un frein durable au brillant début de carrière de l’Anglaise, aujourd’hui 28 ans. Il y a donc de quoi se réjouir de voir Mel Reid au top ce dimanche en Turquie. Tout comme on se réjouit des bonnes prestations de Isabelle Boineau, 7e à -3 et de Lucie André, 11e à -2. Derrière, Alexandra Villate est dans le par et Marion Ricordeau à + 1. Attention pour Afonso, Giquel-Bettan, Derrey, Schaeffer, Caudal, Cappeliez et Herbin, dont les cartes, entre + 3 et + 8 ne suffiraient pas si le cut restait à +2. Demain, c’est lundi. Direction le deuxième tour, on s’habitue très bien à cette semaine décalée du circuit européen féminin.

Nathalie Vion