Gwladys la senior, Charley la junior

C’est avec la très jeune Anglaise Charley Hull que Gwladys Nocera, lors du quatre balles de vendredi, a marqué son septième point en Solheim Cup. Focus sur le duo alors que Hull en est déjà, ce samedi midi, à trois victoires en trois matches !
Comment cela se passe t-il sur le terrain quand une joueuse de 19 ans se bagarre pour l’Europe aux côtés d’une quadragénaire ? Charley Hull : « Je l’appelle Senior et elle m’appelle Junior. » Gwladys Nocera, fine acolyte : « On ne peut pas mieux résumer ! » Drôle d’assister à l’échange entre Hull l’Anglaise et Nocera de Moulins, vendredi soir à St. Leon-Rot à l’issue de leur quatre balles meilleure balle gagné au détriment des Américaines Lee et Stanford. D’autant que si vingt-et-un ans les séparent, Gwladys Nocera et Charley Hull ont le même âge sur le terrain : celui d’éternelles compétitrices pour qui seul le présent et la perf comptent.
Personne n’a oublié leur duel de talents absolument égaux lors de la Lalla Meryem Cup, le 16 mars 2014 au Maroc. Gwladys avait presque tournoi gagné le dimanche. Sauf que Charley, partie avec cinq coups de retard, allait claquer un 62 pour revenir à la hauteur de la patronne frenchie, forcer le play-off et lui chiper la une au premier trou de mort subite. Hull s’apprêtait à fêter son 18e anniversaire et n’était professionnelle que depuis le 1er janvier 2013… Gwladys n’avait pas d’autre choix que d’avaler, puis de digérer l’expérience. Et cette victoire envolée à la Lalla Meryem Cup, elle allait se l’offrir à son tour en 2015, comme l’éclatante preuve de sa pugnacité hors normes.
C’est à cette réponse magnifique de championne à championne, que faisait allusion une des officielles du LET à St. Leon : « Génial de les voir gagner et plaisanter ensemble, dans la même équipe, alors que sur le circuit, il y a ce joli fight entre elles. » C’est un peu moins vrai depuis que Charley, basée au club anglais de Woburn, est partie évoluer un peu plus sur le LPGA Tour, profitant du fait que ses parents passent une partie de l’année en Floride. Mais on sent comme un respect amusé entre les deux joueuses. Conscientes que l’Ordre du mérite européen (que Nocera a déjà remporté en 2008 et aimerait bien mettre une seconde fois sur sa carte de visite) peut très bien rester l’un de leurs enjeux communs dans le futur.
Après leur quatre balles victorieux, où Charley Hull joua un golf de feu (cinq birdies consécutifs sur le retour !), Gwladys était élogieuse : « Je suis si heureuse. C’était une chance de jouer avec Charley et se ramener ce point à l’équipe. C’est grand. On s’est très bien entendues. » Grâce à cette collaboration franco-britannique, Nocera revenait à la Solheim Cup après six ans d’abstinence en marquant son septième point en onze matches disputés (après les éditions 2005, 2007 et 2009, elle avait un bilan de cinq victoires, deux nuls et trois défaites ; ses six points marqués au total constituaient déjà le record pour une Française en Solheim).
Didier Nocera, le papa de Gwladys, disait depuis le bord du terrain (où il se trouve en compagnie de son épouse, de son autre fille, Estelle, et de Maïtena Alsuguren, DTN adjoint à la ffgolf) : « Gwladys n’a pas eu de réussite au putting mais Charley a été assez preneuse de ses conseils sur les lignes... » Confirmation de Charley Hull elle-même, quelques heures après : « Gwladys m’a aidée à réussir beaucoup de putts aujourd’hui. Et puis elle a été super régulière. Ce qui m’a laissé le loisir d’attaquer un maximum de drapeau. Et comme, en plus, j’adore putter sous la pression, c’était parfait. Un super travail d’équipe. »
Un duo avec des qualités différentes, et complémentaires, Gwladys évaluant les nuances de jeu et de personnalité entre elle et sa partenaire avec des mots choisis : « Le jeu de Charley est très offensif. Le mien l’est moins. J’ai joué mon rôle en m’assurant qu’elle pouvait développer cet aspect-là de son jeu. Surtout, j’adore jouer en match play avec elle. J’ai vu ce dont elle est capable. Elle a tellement de talent entre les mains, avec tellement d’assurance. Elle est spéciale. Pas juste une grande joueuse, elle aime la vie et est très marrante. Enfin, quand je comprends ses blagues ! »
Interrogée sur le type de vannes qu’une ado délurée comme Charley avait bien pu lui sortir durant leur partie de quatre balles, Gwladys, en bonne passionnée de rugby (Allez le B.O ! ) bottait diplomatiquement en touche : « Si Charley avait dit des trucs particuliers, je ne vous le dirais pas ! Et puis vous savez, il y a la barrière de la langue et on n'a pas toujours le même sens de l’humour en anglais et en français. »
C’est le moment que Charley Hull choisit pour rendre son propre hommage à Gwladys. En des termes, disons, classiques puis assez... organiques ! « La première fois que j’ai joué avec Gwladys, il y a deux ou trois ans, en Hollande je crois, j’étais très nerveuse. J’étais nouvelle sur le circuit. Maintenant je la vois comme une "lovely girl", avec qui j’aime jouer. Gwladys est une joueuse extrêmement solide. Oui, elle a des "balls", elle est "gutsy", et j’aime ça. » Fou rire général et conclusion sur le même ton de Nocera la fine mouche : « Voilà, c’est le genre d’humour que je ne capte pas ! »
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