Karine Icher en top gun

La numéro 1 française signe à 34 ans la plus belle saison de sa carrière. Auréolée de sa victoire avec l’équipe européenne de Solheim Cup en août dans le Colorado, elle s’est aussi hissée, après sa récente 2e place à l’Open du Canada à Edmonton, dans le top 10 de la Money List du LPGA Tour. C’est donc avec un super statut dans l’élite du golf féminin mondial qu’elle est à Evian pour les trois jours d’ entraînements avant le début, jeudi, de The Evian Championship, première édition!
Par Nathalie Vion pour la Fédération française de golf
Karine Icher est en France. En Europe, même. Et il faut en profiter car ce n’est pas si souvent. On l’oublie parfois parce qu’elle joue là-bas, aux Etats-Unis, depuis dix ans, et que le circuit LPGA l’emmène encore plus loin le reste de l’année (Thaïlande, Chine, Australie, Corée, Bahamas...). Mais Karine, aujourd’hui, est tout simplement le leader du golf français. Filles et garçons confondus. Et sans minimiser les performances des joueurs de l’Hexagone qui construisent leur carrière principalement en Europe, on peut dit que Icher, avec sa saison actuelle, est passée dans une tout autre dimension. Quand les meilleurs, soit Grégory Bourdy (118e mondial début septembre), Raphaël Jacquelin (120e), Victor Dubuisson (127e) ou Gwladys Nocera (111e mondiale) restent à distance du top 50 mondial tant espéré, et ce malgré des victoires ou de très bons résultats sur le circuit européen, Karine, elle, vient de se positionner à la 20e place du Rolex Ranking, le classement mondial féminin. Mieux: au vu de son rang de 10e au classement 2013 du LPGA Tour (money list), enregistré fin août après sa place de 2e à l’Open du Canada, on peut même dire que, pour l’année en cours (sans le système de points du Rolex Ranking qui porte sur une moyenne prenant en compte la saison précédente), la joueuse de Châteauroux fait aujourd’hui partie des dix-quinze meilleurs joueuses de la planète. A 34 ans, Karine est parvenue à un point de maturité qui s’est aussi traduit par une vraie consistance dans les Majeurs en 2013: 19e Kraft Nabisco Championship, 20e Women’s Open, 22e British Open... (voir le détail de sa saison ci-dessous). Et son cut au LPGA Championship est pour l’instant le seul manquement en 18 tournois disputés cette année! Egalement grandie par sa participation à l’écrasante et historique victoire de l’équipe européenne de Solheim Cup sur les Américaines (18 à 10), en août à Parker (Colorado), Karine Icher ne s’est jamais présentée à Evian avec une telle stature. Ce qui, bien sûr, ne l’assure de rien. Chaque début de semaine, en golf, est une remise à zéro radicale. Mais oui, Icher fait bien partie cette année des «Top Guns» que le public de The Evian Championship, le tout nouveau Majeur féminin, cinquième et dernière levée de la saison des Grands Chelems, va pouvoir suivre. Karine, Frédéric Bonnargent, son mari et cadet, ainsi que leur mini-Lola âgée de deux ans, sont rentrés directement de l’Open du Canada (sans même repasser par leur domicile d’Orlando, en Floride) pour attaquer la phase de préparation à l’Evian Championship en France. Avant de «monter» à Evian, dimanche soir, pour les premiers entraînements sur le parcours programmés ce lundi et ce mardi, le trio s’était posé une semaine dans la famille de la joueuse, à Châteauroux. Avant le début du tout nouveau Majeur féminin (premier tour: jeudi 12 septembre), Icher revient sur sa grande année et évoque ses objectifs: The Evian Championship, mais aussi l’Open de France, fin septembre à Chantaco, qu’elle retrouvera neuf ans après sa dernière apparition dans le tournoi, c’était en 2004!
Bonjour Karine, bienvenue en France après ce si bel été. L’année dernière, avant l’Evian Masters disputé fin juillet, vous étiez 60e mondiale et 39e de la money list du LPGA Tour. Déjà une sacrée «perf» globale, d’autant que, même pas un an avant, le 13 août 2011, vous aviez donné naissance à votre fille Lola. Cette année, avant le tournoi majeur The Evian Championship, qui se dispute du 12 au 15 septembre, vous êtes 20e mondiale et 10e du classement du LPGA Tour 2013! C’est une très grande saison. Comment la vivez-vous? Comment l’expliquez-vous?
Il s’agit effectivement de la meilleure saison de ma carrière. Sans doute qu’à force de travail... le travail paye! Même si je restais sur une bonne saison 2010 et que j’ai eu la chance de ne couper le golf que trois mois en 2011 pour la naissance de Lola, je ne pensais pas, c’est vrai, que les choses iraient aussi vite et aussi bien ensuite. D’autant que Lola nous suit partout dans le monde lors de nos voyages depuis la reprise de l’hiver 2012! Nous nous sommes organisés notre «petite entreprise» et nous avons trouvé, Fred, Lola et moi, une sorte d’équilibre de vie. Avant, le golf passait en «premier-premier». Là, il passe en second. Je suis moins longtemps au practice, en fait! Mais je crois que je suis plus relaxe, que j’ai moins de pression. Après toutes ces années de travail, le swing est quand même acquis et je me prends moins la tête au niveau technique. En revanche, je vais plus aux choses essentielles. Et puis c’est le fait de bien jouer en tournoi qui donne confiance.
Avec votre place de 2e, fin août à l’Open du Canada, vous en êtes à sept «podiums» (voir encadré, plus bas) depuis 2005 sur le LPGA Tour: deux fois 2e et cinq fois 3e. Mais en cette saison 2013, vous avez aussi signé des places de 4e, 5e, 7e... Toujours au contact des meilleures...
Oui, c’est une très bonne saison, je suis très contente. Mais je cours toujours avec cette victoire sur le circuit américain! Il me manque toujours trois ou quatre points qui s’égarent dans la nature (rires)!
La faute à pas de chance?
Non, la chance n’intervient pas. Peut-être un peu de réussite qui n’est pas là au bon moment. Un putt qui ne rentre pas... Ou tous ces très bons coups mais avec une balle qui s’arrête à 30 centimètres du trou... Mais je ne suis pas loin. Je continue de bosser. Je n’ai jamais été aussi près! La victoire, ça ne va pas tarder!
A Edmonton, pour l’Open du Canada, comme vous étiez 2e derrière la jeune amateur Lydia Ko, vous avez reçu le chèque de 300 000 dollars réservée au départ à la lauréate. Toujours ça de pris!
Ah oui, ça console de ne pas avoir la première place! Deuxième, c’est vrai, mais j’étais quand même très heureuse. Parce que cela s’inscrivait dans la lancée de la fantastique semaine de la Solheim Cup. Toutes les joueuses de Solheim, nous étions crevées, archi-crevées même. En revanche, j’avais un super état d’esprit pour attaquer le tournoi. Je ne peux que regretter mon troisième tour, dans le par seulement. Mais il n’y a pas de frustration. Lydia Ko termine en -15 et moi en -10... Ces cinq points, le dimanche, je ne pouvais pas aller les chercher. Je ne les avais pas. Tout simplement.
Peut-on parler un peu de Lydia Ko? Cette Néo-Zélandaise d’origine sud-coréenne, n°1 mondiale amateur, 16 ans, et qui a donc raflé cet Open du Canada deux fois de suite, en 2012 et 2013...
Moi, je suis d’accord pour dire que c’est un petit prodige. Oui, oui, c’est assez impressionnant. Elle joue très bien et c’est super pour le golf féminin, ça frappe l’imagination des très jeunes joueuses et cela leur donne envie de suivre l’exemple. Comme elle est toute jeune, elle joue sans pression, sans peur. Un peu comme Michelle Wie quand elle a commencé. Après... Quand elle va passer pro et qu’elle sera attendue à chaque tournoi, les choses peuvent être différentes... Attendons, faire une carrière n’est pas si simple.
Avant votre 2e place à Edmonton, il y a eu la Solheim Cup et cette première victoire historique des Européennes sur le sol américain. Que vous soyez dans l’équipe, onze ans après votre première participation à la Solheim, en 2002, a du être quelque de très fort... Symbolique à plusieurs titres...
Jouer la Solheim Cup est toujours une super expérience. Et pour une fois, l’Europe alignait la meilleure équipe possible. Pettersen, Ciganda, Matthew, Masson, moi... On se connaissait toutes, c’était une équipe de potes, on se voit toute l’année sur le circuit de la LPGA. Et la wild card à la jeune anglaise Charley Hull était parfaite. Mais sinon, il n’y avait pas de joueuses «parachutées» là parce qu’il faut équilibrer entre joueuses qui évoluent sur le LPGA Tour et joueuses qui sont sur le LET. Grâce à Liselotte Neumann, la capitaine suédoise, et à ses deux vice-capitaines, Carin Koch et surtout Annika (Sörenstam), on a enfin privilégié l’efficacité sportive. Pas de copinage... Mais c’est une bonne tendance qui s’était déjà amorcée en 2011 (nota: une édition où Karine aurait déjà été retenue sans sa grossesse). Cette grosse victoire dans le Colorado n’est pas arrivée par hasard. Quand on aura compris que pour avoir une équipe qui gagne, il faut tout simplement prendre les 10 premières du classement mondial, et après ne se garder deux wild cards, pas plus...
Qu’attendez-vous du rendez-vous «Majeur» qui attaque ce jeudi à Evian? Impatiente? Ambitieuse? De quoi rêvez-vous?
Le rêve, bien sûr, ce serait gagner! Mais on en est pas encore là... L’objectif plus large, c’est déjà de faire du mieux que je peux. Je suis bien sûr en confiance après ces dernières semaines où mon jeu était bien posé. Mais ce n’est jamais facile de jouer un gros tournoi dans son propre pays. Et puis cela reste une compet’ de golf, c’est à dire un sport où on a jamais aucune certitude. Ce n’est pas le fait d’être n°1 mondiale, n°10 ou n°20 mondiale qui peut te permettre d’être certaine d’un bon résultat. Le jeudi 12 septembre, pour le premier tour, tout ce qui s’est passé avant dans la saison n’existe plus. C’est une page qui se tourne et on reprend tout à zéro.
Quand le tournoi était encore l’Evian Masters, vous y avez très souvent signé de belles performances (5e, 7e... ou 12e en 2012, onze mois seulement après la naissance de Lola). Sept fois sur dix, vous y étiez la meilleure Française, celle qui résiste le mieux à la pression ambiante. Mais cette année, n’est-ce pas votre niveau dans trois des précédents Majeurs de la saison (voir encadré) qui est la marque de votre consistance et qui vous autorise de grands espoirs?
C’est vrai que les Majeurs, avec des parcours qui sont généralement très durs, reflètent pas mal ton niveau golfique du moment. Je suis assez contente de ces trois bonnes places au Kraft Nabisco Championship, au Women’s US Open et au British Open. Elles s’expliquent par le fait que j’ai bien bossé mon wedging et les petits coups de fers à moins de 100 mètres. C’est mon point fort cette année. Mais c’est certain: si tu as progressé, si tu es vraiment meilleure, c’est dans ce type de tournoi que tes résultats changent...
Avec ces performances et surtout le fait d’être rentrée fin août dans le top 10 de la money list du PGA Tour, avez-vous eu le sentiment que les top joueuses du circuit vous regardent différemment?
Oui, c’est bête à dire mais quand tu intègres les toutes meilleures place du classement, on te respecte sûrement un peu plus. On sent qu’on passe un cap. On te «voit» plus. Sur le circuit, il y a des clans, des groupes de joueuses. Et ça marche quand même pas mal comme ça: les meilleures ensemble et puis les autres entre elles... Je ne crois pas que tu puisses souvent voir une Paula Creamer parler à la 150e du ranking. On y peut rien. Dans les faits, c’est ainsi. Même si c’est c’est complètement débile.
Un mot sur la Sud-Coréenne Inbee Park, lauréate de l’Evian Masters en 2012 et qui a raflé trois Majeurs sur quatre cette année? Va t-on la voir faire comme sa compatriote Jiyai Shin ou comme la Taïwanaise Yani Tseng: tout dominer pendant deux ans puis passer la main? On dirait que les décennies de domination à la Annika Sörenstam ou à la Lorena Ochoa, c’est fini...
Inbee Park, c’est Miss Putting. Elle n’est pas impressionnante au drive mais quand elle putte... On en revient toujours à la même chose! Jiyai Shin a le même type de jeu. Quant à Yani Tseng, c’est différent: elle tapait très fort et très droit et puis elle s’est mise à taper très fort et moins droit... Je pense qu’à l’époque de Annika et de Lorena, il y avait une densité de joueuses de très haut-niveau moins grande. Quand une fille devenait la reine, elle restait sur le trône pour un moment. Ce dont je suis sûre, c’est qu’il va y avoir toujours plus d’Asiatiques au top de la hiérarchie mondiale.
Qu’ont-elles de plus, ces Asiatiques?
Elles sont d’un calme! Aucune émotion ne sort. Elles peuvent gagner un gros tournoi comme l’US Open ou perdre n’importe quoi, il n’y a jamais d’excitation excessive. C’est inné chez elles.
Et vous Karine, à 34 ans, canalisez-vous vos émotions?
Ben, j’essaye. J’essaye de travailler là-dessus et de m’inspirer de cette attitude des Coréennes. Mais je peux encore avoir une certaine facilité à m’énerver (rires)! Il faut contrôler tout ça, c’est très important. Mais je crois vraiment que nous, en Europe, ou aux Etats-Unis, on est pas faites pareil que ces filles!
Côté programme, on va donc avoir la chance de vous voir jouer à Evian, puis à la fin du mois à l’Open de France à Chantaco. Pourquoi ce retour à l’Open national où votre dernière apparition remonte à 2004?
Le fait que The Evian Championship soit en septembre, avec une seule semaine de break avant l’Open de France, a facilité les choses. De plus, on fêtera cette année à Chantaco les 80 ans de Lacoste et j’ai bien sûr été contactée pour être là. Cela va être un super tournoi, je suis très contente de retrouver cet Open de France.
Avec Evian, il vous reste en tout huit tournois du LPGA Tour à disputer d’ici à la fin de l’année. Quels y seront vos objectifs?
L’objectif? En gagner un! Gagner et être le plus régulière possible pour finir l’année dans le top 10 du classement. Tenter de faire encore mieux que 10e. Grappiller encore des places!
Votre record sur l’ensemble d’une saison LPGA, jusque-là, c’est 25e du ranking final en 2010. Etes-vous fière d’être sur le point d’améliorer encore cette marque? Et imaginiez-vous, au début de votre carrière pro en octobre 2000, que vous seriez réellement parmi la vraie élite mondiale du golf féminin une décennie plus tard?
Fière, je ne sais pas... Je suis assez contente. C’est bien. Et oui, je l’avais imaginé!!! Il faut rêver. Il faut être clair avec soi-même. Savoir exactement où on veut aller. Si on a pas une envie forte, comment peut-on espérer un jour réaliser de tels objectifs?
SA SAISON 2013
- 2e Open du Canada (25 août)
- VAINQUEUR SOLHEIM CUP avec l’équipe européenne
- (16-18 août, Parker, Colorado)
- 22e BRITISH OPEN (4 août, St Andrews, Ecosse)
- 33e Marathon Classic (21 juillet)
- 5e Manulife Financial Classic (14 juillet)
- 20e US OPEN (30 juin, Southampton, NY)
- 25e Arkansas Championship (23 juin)
- CUT LPGA CHAMPIONSHIP (7 juin, Pittsford, NY)
- 28e Shoprite LPGA Classic (2 juin)
- 4e Pure Silk-Bahamas Classic (26 mai)
- 22e Mobile Bay Classic (19 mai)
- 7e North Texas Shootout (28 avril)
- 15e Lotte Championship (20 avril)
- 19e KRAFT NABISCO CHAMPIONSHIP (7 avril, Rancho Mirage, Californie)
- 43e Kia Classic (24 mars)
- 35e RR Donnelley Founders Cup (17 mars)
- 28e HSBC Women’s Champions 2013 (3 mars)
- 33e Honda LPGA Thailand (24 février)
- 55e Open d’Australie (17 février)
SON CLASSEMENT MONDIAL 2013 (au 26 août): 20e
SON CLASSEMENT LPGA TOUR 2013 (au 26 août): 10e
SES 7 PODIUMS DE CARRIERE SUR LE LPGA TOUR
- 2e Open du Canada 2013
- 3e Kingsmill Championship 2012
- 3e Mobile Bay LPGA Classic 2012
- 3e CVS/Pharmacy Challenge 2010
- 3e Lorena Ochoa Invitational 2010
- 3e Corona Championship 2008
- 2e Corona Championship 2005
- SES 5 VICTOIRES DE CARRIERE SUR LE TOUR EUROPEEN
SES 5 VICTOIRES DE CARRIERE SUR LE TOUR EUROPEEN
- Catalunya Ladies Masters 2005
- Catalunya Ladies Masters 2004
- Open d’Espagne 2002
- Open d’Allemagne 2001
- Mexx Sport Open Kennemer 2001
SES MEILLEURES PLACES A l’EVIAN MASTERS
- 2012: 12e
- 2010: 37e
- 2009: 23e
- 2008: 57e.
- 2006: 15e
- 2005: 5e
- 2002: 7e.
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