Les fiers gardiens du temple de Chantaco

Tout au long de l’année, ils sont neuf jardiniers à bichonner le parcours de Chantaco, sous l’autorité de Guillaume Sallaberry. Mais, à l’occasion du Lacoste Ladies Open de France, ils ont dû faire appel à tous leurs copains pour venir à bout de l’énorme travail qui les attendait. C’est que mère Nature en fait souvent à sa tête, et visiblement elle se sent ici comme chez elle. Heureusement, nos jardiniers sont eux aussi d’ici, car Basques ils sont.
Guillaume Sallaberry a commencé à travailler à Chantaco en 2004 et trois ans plus tard il assumait les responsabilités de greenkeeper. Le parcours mythique n’avait déjà plus de secrets pour lui puisque ce très bon joueur avait fait ses premières armes clubs en main, ici même, à l’âge de 8 ans. « A partir de 14 ans, j’ai beaucoup joué et vers 15 ans, je me posais la question d’essayer de devenir pro. On jouait pas mal, ici, on avait une bonne équipe. On jouait la Gounouilhou mais on n’a jamais pu la gagner ! On a fini deux fois vice-champions ! »
Mais voilà, certains Basques savent voyager, d’autres préfèrent rester chez eux. C’est pourquoi Guillaume a décidé de se lancer dans les études pour devenir greenkeeper et pouvoir rester pas trop loin de son village natal de Ascain, lequel se trouve à peu de chose près à 4,5 kilomètres du golf de Chantaco. Mais, pour cela, il a dû s’expatrier pendant deux ans, jusqu’à Dunkerque, dans le très grand Nord, et à Neuvic, en Corrèze, où il a lié de nombreuses amitiés. De là s’explique la présence cette semaine, d’une bande de Corréziens auto-proclamée « les Stroumpfs ».
Il y avait donc, entre autres, Pierre, instituteur, Pierrot, maçon, Yann, ingénieur informaticien… Autant dire, pas vraiment des jardiniers. Alors ? « Pour passer le râteau, rassure Pierre en rigolant, on est bien assez diplômés ! » « On a la chance d’avoir beaucoup de bénévoles qui sont venus nous aider, reconnaît Guillaume. Nous étions 23 à travailler sur le parcours, tous les jours de 6h 30 à 10 h 30 le matin et le soir de 16 h 30 à 20 h 30. Il fallait divoter, ratisser les bunkers et, sur ce golf qui est mythique, il fallait quand même enlever toutes les feuilles qui tombent. »
Outre la « main d’œuvre », tous les greenkeepers des golfs environnants étaient là, même celui du golf de Fontarrabie, de l’autre côté de la frontière. « Tout au long de l’année, nous nous voyons régulièrement, explique Guillaume Sallaberry. Nous échangeons beaucoup, nous nous entraidons, et c’est bien de bénéficier d’un œil extérieur parfois, et de quelques conseils. »
Pas facile d’être en charge d’un parcours aussi prestigieux, où la grande histoire du golf déborde des bunkers, glisse le long de tous les greens, resplendit sur chaque fairway. Ici, de chaque coin du parcours jaillit une petite histoire. Témoins et acteurs étaient nombreux cette semaine derrière les cordes et les éclats de rire suscités par les anecdotes rappelées fréquents.
« Il faut bien sûr bien connaître le parcours mais, parce que le climat est un peu capricieux et qu’on est tributaire de lui, il faut rester très attentif, très réactif, anticiper et aussi à l’écoute des autres, notamment de ceux qui ont une très longue expérience, détaille Guillaume. Et même comme ça, on peut faire des erreurs, mais c’est en faisant des erreurs que l’on apprend. »
Celui qui a dû apprendre beaucoup cette semaine est l’agronome du LET. Venu bien en avance, celui-ci n’a pas trouvé l’herbe de Chantaco assez verte à son goût. C’est pourquoi il a fermement suggéré de recourir à des engrais et d’arroser en conséquence… « Si on avait eu une semaine de beau temps, ça aurait pu passer, estime Guillaume Sallaberry. Mais on a eu beaucoup de pluie. Il aurait été bien que cet agronome écoute un peu les gens d’ici. » De fait, les joueuses ont eu le droit de placer la balle tout au long de la semaine, mais les amateurs qui évolueront sur ce parcours la semaine prochaine seront bien chanceux de trouver un parcours resplendissant.
Parmi les jardiniers de Chantaco, il en est un qui tient sans peine le rôle de pilier. De temps de sa jeunesse, Jean-Michel Gonzalez évoluait en première ligne dans l’équipe du BO, le Biarritz Olympique, puis dans celle de Saint-Jean-de-Luz. Il ne joue plus au rugby mais a gardé une impressionnante carrure qui explique les avertissements de ceux qui le connaissent : « Attention, n’allez surtout pas le contredire si vous allez parler avec lui ! » Une fois le pas franchi avec quelque appréhension, force sera de constater que Jean-Michel est doux comme un agneau !
« J’ai commencé à travailler à Chantaco le 1er avril 1978, à la sortie du régiment. C’était un beau poisson d'avril mais je n’aurais jamais pensé qu’il serait si long ! J’ai eu de la chance, je suis bien tombé parce qu’il y avait une bonne ambiance, et un bon directeur quand je suis arrivé. » Cela fait donc 36 ans que Jean-Michel bichonne le parcours, l’accompagne avec l’amour du travail bien fait dans tous les changements qu’il a connus : quelques bunkers en plus ou en moins, des greens modifiés, le practice refait et, surtout, la création d’un trou, le 14, rendu nécessaire par la réfection du practice.
« On a tout fait, sur ce trou ! On nous avait donné un plan mais on l’a dessiné comme il nous semblait parce que c’était impossible de faire ce qu’ils nous avaient demandé, » explique notre pilier. Toujours est-il qu’il connaît son parcours par cœur. « Oh oui, je pourrais le faire les yeux fermés ! Et puis je ne connais pas les effets de la balle, mais les pentes des greens, ça oui, je les connais ! »
Le golf, il a bien essayé d’y jouer, au début, mais ça ne lui plaisait pas vraiment. Et puis, à l’époque, il faut bien reconnaître que rugby et golf ne faisaient pas vraiment bon ménage… Aussi, à ses moments libres, Jean-Michel, lui aussi natif de Ascain, se ressource là-haut, sur les hauteurs, du côté de la Rhune où il a une petite ferme, un petit jardin et quelques moutons, de quoi prendre de la hauteur. « Ça me permet de prendre un peu l’air, parce que, ici, c’est quand même un peu enfermé avec tous ces arbres… »
Jean-Michel n’est donc pas golfeur, mais sait apprécier ce qu’il voit. Les joueuses : « Ah oui, elles sont belles, pour la plupart ! » Mais aussi leur jeu. Quelques secondes après le deuxième coup de Azahara Muñoz sur le 18, il commentait depuis le bord de « son » fairway, d’où une commissaire lui demandait gentiment de s’écarter : « Ah, elle va chercher le birdie pour gagner, la petite Muñoz ! »
Jean Louis Aragon pour la ffgolf
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