Nocera : « Pas encore à 100 % »

Photo : Tristan Jones / LET

Quel est votre sentiment sur cette semaine aux États-Unis ?
C'est un sentiment un peu mitigé, entre la satisfaction d'avoir passé le cut et eu la chance de jouer le week-end, et la frustration de n'avoir pas été prête à disputer un Majeur dans de bonnes conditions. Déjà, j'ai reçu l'invitation le mardi de la semaine précédente, et surtout je n'étais pas prête physiquement. Je ne suis toujours pas complètement remise de ma blessure à la cheville. J'ai un peu tiré sur la corde les deux premiers jours pour pouvoir passer le cut. Le jeudi j'ai vraiment bien joué, et j'aurais même pu mieux finir encore. Mais après, surtout le week-end, la fatigue physique a impacté ma lucidité, sur certains choix de coups notamment. Et puis je n'ai pas eu trop de réussite au putting, ce qui fait qu'il ne s'est pas passé grand-chose samedi et dimanche. Donc je suis contente d'y avoir participé, car c'est vraiment un tournoi magnifique, mais déçue de ne pas avoir pu me préparer comme il faut à cause de cette cheville qui m'handicape encore pas mal.

Vous étiez quatre Françaises cette semaine et vous avez toutes passé le cut, une jolie performance d'ensemble. Avez-vous pu échanger entre vous ?
Avec Karine on était en départs inversés donc on ne s'est pas vus de la semaine, idem pour Perrine. Par contre j'ai fait neuf trous avec Joanna à l'entraînement et on a déjeuné ensemble une ou deux fois. Mais c'est bien d'être quatre sur un Majeur américain. Karine fait partie des meilleures, c'est une évidence, et les deux autres bossent beaucoup, et ont à mon avis les moyens pour la rejoindre. En tous cas, on peut être super fières d'avoir participé à ce Majeur, et passé le cut toutes les quatre. Le golf féminin français est dynamique, et ça fait plaisir d'en faire partie.

C'est encourageant aussi dans l'optique des trois Majeurs à venir, où il y aura à chaque fois des Françaises présentes ?
Je ne sais pas si c'est pour cette année, mais c'est clair que ça va bouger. Je pense que Karine, qui joue hyper bien depuis pas mal de temps déjà, va finir par faire une grosse performance sur un Majeur. Dans les quatre ou cinq ans à venir, il va se passer des trucs, je pense !

Céline Boutier va vous rejoindre, Karine et vous, dans le champ des trois prochains Majeurs grâce à sa victoire au British Ladies Amateur...
C'est fantastique, ce qu'elle a fait ! C'est une superbe performance car c'est l'un des plus gros tournois amateurs mondiaux. Elle mérite amplement sa qualification pour les prochains Majeurs. Je ne me fais pas de souci pour elle, surtout qu'elle les a déjà joués. Ce genre d'exploit va aussi faire évoluer le golf féminin français. On a de très bons résultats partout, donc ça va continuer à bouger.

De votre côté une saison à cinq Majeurs, c'est déjà une satisfaction en soi ?
Oui, c'est clair ! Il faut maintenant que je me prépare bien pour le British Open. Mon entraîneur, Benoît Ducoulombier, vient avec moi en Hollande, donc c'est une bonne chose. Mais il faut que j'arrive à retrouver du jus. Mon ligament est soigné, je pense, même si ma cheville est encore enflée et sensible, mais ce qui m'handicape, c'est deux mois d'arrêt de préparation physique... Je vais revoir mon préparateur la semaine prochaine pour continuer à travailler. J'en ai fait un peu pendant ces deux mois, mais vraiment pas autant que d'habitude, et ça s'est ressenti la semaine dernière aux États-Unis. Bernard Pineau, le kiné de la fédération, était avec nous à Harrison, et il m'a bien dit qu'il me faudrait encore un peu de temps avant d'être guérie à 100 %.

Pourtant vous aviez joué en Turquie quelques semaines seulement après la blessure, et pris la deuxième place ?
J'avais vraiment bien joué, car j'étais dans un état d'esprit très positif, contente de retrouver le chemin des fairways. Je m'en étais sortie sur une semaine. Mais là aux États-Unis c'était un champ forcément beaucoup plus relevé, un parcours dur et physique où on n'avait jamais les pieds à plat... Donc c'était fatigant à tous les niveaux.

Sur le Ladies European Tour, les affaires reprennent cette semaine aux Pays-Bas avec le Deloitte Ladies Open. Quels sont vos objectifs pour ce tournoi et les prochains ?
Le but est de rester dans les points Solheim Cup, étant donné que je suis pour l'instant bien placée. Mais comme l'attribution des points est hyper élevée sur les Majeurs, ça peut encore pas mal bouger. Donc à moi de bien jouer, et surtout de bien me préparer pour chacun des tournois que je vais disputer. Mais il n'y a pas que la Solheim non plus ! Je veux aussi me faire plaisir et profiter de mon jeu, car ce n'était pas tout à fait le cas aux USA. Je vais caler deux, trois choses avec Benoît, pour pouvoir apprécier le simple fait de jouer au golf !

Propos recueillis par Alexandre Mazas