Pettersen et Ko, match au sommet !

La Norvégienne Suzann Pettersen, 32 ans, remporte le premier Majeur «made in Evian» au terme d’un match superbe avec la jeune amateur Lydia Ko, 16 ans! Gwladys Nocera est 67e.
Par Nathalie Vion pour la Fédération française de golf
Une récompense pour l’équipe «waterproof» de «The Evian»
Quel match! Quel scénario! Quel temps miraculeusement clément! Les dieux étaient du côté de la Haute-Savoie ce dimanche 15 septembre. Après un report d’une heure et demie en matinée, la grosse pluie arrivée dans la nuit cessait miraculeusement. Les équipes du greenkeeper Jean-Yves Vulliez, à bloc depuis des jours, «dé-bâchaient» alors les greens, qui avaient été protégés un par un par des kilomètres carrés de polyane. Le public montait déjà en masse vers la colline au parcours majeur. Et le show avec les 77 meilleures joueuses des deux premiers tours pouvait commencer. Plus une goutte dans la journée... avant les salves de champagne que le clan norvégien pulvériserait sur Suzanne Pettersen quelques heures plus tard! Quelle récompense, pour la belle équipe de The Evian Championship que cette victoire magique de la numéro 3 mondiale, 32 ans, au terme d’un face à face palpitant avec la petite amateur Néo-Zélandaise Lydia Ko, 16 ans. Oui, la moitié de son âge! C’était un peu comme si les joueuses, après vingt ans de plébiscite pour l’Evian Masters, remerciaient encore le «gang» de Franck Riboud pour leur avoir servi un cinquième et nouveau Majeur féminin impeccable. Après neuf mois à lutter contre les intempéries lors de la rénovation épique et neigeuse du parcours lors de l’hiver 2013. Puis cette semaine de septembre maudite sur le plan météo, où tout aurait pu basculer dans une catastrophe totale à cause de la pluie. Oui, The Evian Championship première édition a été ramené à 54 trous. Mais non, cela n’a pas noyé une seconde une organisation sans faille. Et non, le spectacle sportif n’en a pas été minimum. C’est même tout le contraire qui s’est produit grâce à Suzann, Lydia, Lexi, Gwladys et les autres....
Pettersen: «J’étais prête à rester lundi, mardi, voire mercredi!»
Deuxième ex aequo avec la jeune Lydia Ko après deux tours, Suzann Pettersen n’avait qu’un coup de retard sur la Japonaise Mika Miyazato quand, samedi soir, elle déclara: «Cette pluie, les mauvaises conditions attendues ce dimanche? C’est dur pour tout le monde, joueuses, organisateurs et LPGA. Mais je suis prête à rester ici pour finir le tournoi jusqu’à lundi. Et même mardi ou mercredi s’il le faut!». De son côté, l’amateur Lydia Ko rappelait que même en ayant remporté trois tournois pros et en étant 8e mondiale (sans avoir touché un seul cent des 970 000 dollars que ses performances auraient pu lui rapporter depuis un an), elle se trouvait dans une situation tout à fait inédite, mais pas affolante, à la veille du tour final: «Je n’ai jamais été dans une bonne position dans un Majeur. Cela dit, il n’y a plus que 18 trous pour faire le boulot.» Tranquille, la miss d’Auckland, née à Séoul le 24 avril 1997! Sacré boulot en fait que celui qu’elle allait réussir, ce dimanche dans la finale de The Evian Championship. D’entrée de jeu, «Super-Ko» répondait aux birdies de Pettersen aux 2 et 3 par des birdies aux 1 et 3! La Japonaise Mika Miyazato, pourtant leader sur le tee du n°1, sembla immédiatement perdue, comme balayée, étrangère au beau milieu de ce match de femme à femme entre Ko et Pettersen. Troublée, puis déboussolée avec un triple bogey au 7, Mika finirait la journée détruite: une carte de 79 (+8) qui ramenait son -8 provisoire à zéro: par total, donc, et 19e seulement!
Lydia Ko aurait peut-être écrit l’histoire sans son bogey au n°13
Dès que leur partie arriva au n°8, avec Suzann Pettersen à - 9 total et Lydia Ko à - 8 total (Chella Choi, Ryu, Stacy Lewis, Lexi Thompson se trouvant à -6 ou -5…), le public comprit sa chance d’être là. Un scénario unique. Des actrices uniques. Un truc qu’il ne fallait pas rater dans l’histoire du golf féminin. Face à la grande Suzann, avec sa blondeur, sa carrure athlétique, son statut de 3e mondiale, ses 12 victoires pros et son énorme palmarès dans les Majeurs (1ere LPGA Championship en 2007, quatre fois 2e, une fois 3e!), il y avait ce phénomène de mini-Coréenne placide qui étaitpeut-être en train d’écrire l’histoire! Du 8 au 12, Ko ne lâcha pas d’une semelle la Norvégienne qui pourrait presque être sa maman: un coup de retard, jamais plus. Seul un chip un peu trop loin du drapeau au n°13 lui coutait un bogey sans doute fatal. Car Pettersen, qui commençait à lâcher ses drives et ses coups de fer à droite, montrait des signes d’échauffement, son visage parfois rosi par la contrariété. En sauvant son propre par au 13 alors que la «petite» lui offrait un point et donc le break (-9 à -7), elle pouvait commencer à souffler un peu. Même avec une nouvelle alerte au par 3 n°14, quand elle s’égara encore à droite dans le bunker alors que Ko se plaçait sur le green, Pettersen sentait que le duel tournait en sa faveur. Rassurée et expérimentée, elle réussissait une magnifique «sortie-putt» pour sauver son par et peut-être décourager un peu la jeune Lydia. Au 15, pourtant, personne ne plia: birdie pour toutes les deux. Le bilan à ce moment-là: -10 à -8.
Au par 3 n°16, un moment «haute tension» pas loin du mythique
C’est au par 3 n°16 que le match prit une dimension pas loin du mythique. Lydia l’Ado allait-elle plier après le splendide coup de fer à 1,40m du drapeau que venait de lui délivrer sous le nez «Suzie» de Norvège? Là-bas, autour de ce green aérien, suspendu juste au-dessus du green du 18 en plus (la fameuse zone à grand spectacle du «Puzzle» d’où l’on voit cinq trous en un coup d’oeil!) la foule était archi-compacte. Vibrante. Une ambiance «haute-tension». Terrifiant pour Ko? «Je n’ai peur de rien, avait expliqué la jeune fille au début du tournoi. Sauf quand je passe trop de temps devant la série CSI (Crime Scene Investigation), avec tous ces accidents de voiture... Après, j’y repense et cela me tourmente. Maman m’a pourtant dit d’arrêter de regarder ce programme...» Donc, même pas peur, Lydia au n°16! Suzann veut m’impressionner? Très bien, je lui rétorque par un coup de fer d’équilibriste... à 1,10m du drapeau! Délire dans la foule, dose d’applaudissements encore plus forte pour Ko que pour Pettersen deux minutes avant. Et silence compatissant pour Mika Miyazato qui, la dernière à taper après ces deux extra-terrestres, envoie sa balle dans le décor, sous le green, au milieu des pieds des spectateurs massés sur le chemin!
Suzann déroule aux 17 et 18 et s’enroule dans le drapeau norvégien
Si Lydia Ko avait rentré son putt de 1,10m à ce par 3 n°16, juste après que Suzann Pettersen ait manqué son 1,40m pour birdie, on passait à -10 pour la Norvégienne contre -9 pour la Néo-Zélandaise d’adoption. Et là... Tout pouvait arriver. Les 487 000 dollars promis à la lauréate, par exemple. Autant de billets verts qui seraient une nouvelle fois resté virtuels pour elle si, en deux trous, Ko avait réussi à inverser le cours des choses. Reprendre un point était possible. Mettre l’expérimentée Pettersen sous pression aussi. Des fois qu’à -9 partout, "l'ancienne" doute et perde toute seule un second point. Là, le titre de vainqueur de Majeur, même sans la prime qui va avec (tant pis!) pouvait très bien aller à Lydia la teen-ager. Mais il était écrit que la grande Pettersen, sept fois pilier de l’équipe européenne de Solheim Cup (dont celle d’août 2013 dans le Colorado, victorieuse des Américaines sur leur sol) méritait un sacre à Evian. Le premier. Le plus beau jamais imaginé, car Majeur cette fois. Déroulant les n° 17 et 18 pour l’emporter avec un score maintenu de -10 contre -8- face à cette diablotine de Ko (et loin devant la troisième, l’Américaine Lexi Thompson, -6), Suzann pouvait s’enrouler dans le drapeau norvégien et remercier le tournoi et tous ses artisans avec des larmes dans la voix. Un moment rare, avec une quasi unanimité sur l’identité de la championne du jour. Idéal. Idéal sportivement. Idéal humainement. Idéal pour la notoriété du tournoi. Suzann Pettersen au sommet de «The Evian», il ne pouvait y avoir de meilleur rôle titre pour la notoriété du tournoi...
Gwadys (Nocera): «Merci à Benoît (Ducoulombier) et à Franck (Riboud)
… Sauf, bien sûr, si une Française avait été l’héroïne du jour, ce que tout le monde souhaitait évidemment. Mais après l’élimination de Karine Icher et de Joanna Klatten, Gwladys Nocera, seule Bleue en course ce dimanche, partait de trop loin (65e, + 4, après deux tours). Malgré un bon aller (+1 du 10 au 18), Gwladys, embêtée par un double bogey au n°6 («Balle contre la lèvre du bunker, injouable», expliquait t-elle) ne pouvait rendre qu’une carte de + 4 pour la journée, synonyme de + 8 au score total. Son analyse à chaud: «On peut dire que je ne putte pas assez bien. Cela a été difficile dès le matin et mon capital patience a diminué... Mais sinon, je n’ai pas l’impression de si mal jouer au golf que cela... Ce n’est que là, quand je vois que je ne suis que 67e, que je me dis que c’est nul. Il faut que je revoie mes critères. J’aurais signé pour un top 20 ou un top 30... Pas pour finir au fond du tableau.» Avant de se fixer de nouveaux objectifs pour le Lacoste Ladies Open de France à Chantaco (26-29 septembre), Gwladys rend hommage à l’entraîneur Benoît Ducoulombier: «J’étais contente qu’il soit ici et heureuse du travail que nous faisons ensemble sur le chipping et le putting.» Aussi reconnaissante que Suzann Pettersen et tout le champ des 120 joueuses, «Gla» adressait aussi un coup de chapeau au grand «manie-tout» d’Evian: «Je suis hyper fière et reconnaissante pour ce que Franck Riboud a fait pour le golf féminin. Nous avons la chance d’avoir un Monsieur, qui a des convictions et qui s’y tient. Ce que son staff et lui ont fait pour nous est magnifique. C’était génial.» Prochaine édition de The Evian Championship: du 11 au 14 septembre 2014. Avec peut-être, cette fois, un autre air météo: «no rain, no pain»!
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