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6-9 septembre

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Portrait : Lucie André, lumineuse

Lucie André

Après une très belle et très prometteuse carrière amateur, cette joueuse aujourd’hui âgée de 28 ans a connu des hauts et des bas. Depuis la saison 2015, elle gravit à nouveau les échelons un à un, toujours dans la bonne humeur, mais n’a pas encore gagné de tournoi sur le LET, au grand étonnement de plusieurs de ses consœurs. 

Visage fin, doucement acéré, l’œil tantôt vif, tantôt rêveur, Lucie porte très bien son prénom : elle est vraiment lumineuse. Pour la voir faire grise mine, il doit falloir se lever sacrément tôt. Plongée dans ses réflexions ou concentrée sur un coup à jouer, elle paraît certes presque absente, mais dès qu’elle lève les yeux, tout s’illumine d’un grand sourire ou carrément d’un rire sonore.

D’ailleurs, tout la fait rire, Lucie. « Un joli coup, quatre putts ! », se bidonne-t-elle pour commenter un double bogey sur un par 3. Et un coup raté qui finit par hasard à un mètre du drapeau produit chez elle le même effet. Lucie rit tout le temps : « Il faut bien ! »

Comme beaucoup d’autres, c’est grâce ou à cause de ses parents que Lucie a goûté au golf. Cela se passait à Bourg-en-Bresse, l’enfant n’avait que 11 ans et ne pouvait donc rester toute seule à la maison alors que ses parents jouaient sur le 9 trous municipal.

« Au début, je restais plutôt au club house et quand j’ai commencé j’ai trouvé ça un peu mou parce que je jouais au tennis. Mais quand j’ai débuté la compétition, vers 13 ans, ça a commencé à m’intéresser. Avec la compète, et vu que j’avais des facilités, je me suis lancée un peu plus franchement vers 16 ou 17 ans, et j’ai intégré le pôle France à Toulouse, avec Karine Mathiot pour coach. J’y suis restée quatre ans avant de passer pro. »

Lucie André, numéro 1 européenne amateur en 2010

Avant de franchir ce pas, Lucie a fait une très belle carrière amateur : médaille de bronze aux championnats du monde en 2010, en compagnie d’Alexandra Bonetti et de Manon Gidali ; une autre médaille de bronze aux championnats d’Europe par équipes ; numéro 1 européenne au ranking en 2010. Cette année-là, elle trouve aussi le moyen de terminer première du classement du LETAS, la seconde division professionnelle, tout en étant amateur.

« Oui, c’était plutôt bien, admet-elle. A partir de 2009 ça s’est vraiment débloqué et j’ai eu le déclic pour passer pro. J’avais l’impression d’avoir un peu fait le tour du monde amateur et j’avais envie d’aller voir ailleurs, d’aller taper chez les pros. Voilà pourquoi je me suis lancée. »

Photo JL Aragon

Lucie André

En décembre 2010, Lucie se présente aux épreuves des cartes européennes dont elle prend la quatrième place. Sa première saison sur le LET, en 2011, se solde par une soixante-quatrième place au ranking final, ce qu’elle considère comme un bon début. Cette année eSt également marquée par son premier top 10, une quatrième place acquise lors de l’Open de France, qui plus est. « C’était une belle expérience pour se lancer. La transition du monde amateur au monde pro s’est bien passée pour moi. C’était bien, il n’y a rien d’autre à dire. »

En 2012 elle conserve sa carte mais sans éclat cette fois. Les deux années suivantes, 2013 et 2014, ont été carrément noires : successions de cuts manqués, disparition du plaisir de jouer, retour obligatoire aux dures épreuves des cartes européennes à la fin de chaque année. Un drôle de voyage aux portes de l’enfer deux ans durant, happée par ce qu’elle qualifie de spirale négative.

Spirale négative

Qu’est-ce qu’une spirale négative ? « On est au départ et on ne sait pas si la balle va partir à gauche ou à droite, le peu de confiance qu’on a s’envole, on s’énerve. On a beau se dire que chaque tournoi est un nouveau tournoi, qu’il faut oublier ce qu’on a fait au précédent, c’est compliqué, et je ny arrivais pas. Les mauvais coups me pourrissaient les parties, il me fallait cinq ou six trous pour refaire surface après un trou raté. J’arrivais à jouer bien à nouveau, à revenir un peu dans le score, à retrouver un peu de confiance, et là, à nouveau, je voyais que je remontais au score et les bêtises recommençaient. C’était compliqué d’en sortir. »

Heureusement, elle trouve la clef de la porte de sortie grâce à une « dame » qui lui fait entre autres travailler la respiration, lui enseigne des méthodes de relaxation à mettre en pratique sur le parcours pour oublier les coups joués, la fait travailler sur l’imagerie mentale. Lucie revient donc de loin, puisqu’elle a même été tentée d’abandonner le golf professionnel.

« Courant 2013, quand j’ai raté beaucoup de cuts à la suite, j’en ai eu marre, et du coup je me demandais pourquoi continuer. Ça a été dur mais heureusement mes parents m’ont soutenue. Ma mère a été un peu dure avec moi mais elle avait raison. Un jour elle m’a demandé si ce que je voulais était être caissière dans un supermarché. Sur le coup de la colère, j’ai dit oui, c’est ça ! Pour le regretter aussitôt. C’est bien d’avoir l’aide des autres pour se motiver. Mes parents ont toujours travaillé très dur toute leur vie, et ils m’ont encouragée à continuer de travailler mon golf et surtout à persévérer. »

Spirale positive

Ce qu’elle fait en poursuivant sa collaboration avec son entraîneur, l’ancien joueur professionnel Elvis Galera. « On a trouvé de bons fils rouges pour travailler, sans faire d’énormes changements. En tant qu’ancien joueur pro, je savais qu’il comprendrait ma situation, ce que je ressens, pourquoi il y a des phases où on n’arrive pas à s’en sortir. Il m’a bien aidée », se réjouit Lucie

L’année 2015 commence pour notre championne dans une sorte de pessimisme détendu. Avec la carte conditionnelle qui était la sienne, qui lui permettait de jouer seulement six tournois dans la saison, elle ne se faisait guère d’illusions sur ses chances de conserver son droit d’entrée pour l’année suivante. « Du coup, j’ai joué le premier tournoi, au Maroc, en me disant fais-toi plaisir, pas grave si tu passe pas le cut, profite de ce beau parcours. Et j’ai fini 25e ! »

Et voilà notre Lucie propulsée dans un spirale positive ! Lors du tournoi suivant, l’Open de Turquie, elle prend la septième place. A celui d’après, l’Open des Pays-Bas, elle décroche la quatrième place. En trois tournois, elle avait sa carte pour 2016 en poche. « C’était inespéré ! En fait, j’ai même pu jouer neuf tournois avec les invitations et le British. Toute l’année le fil rouge a été prendre du plaisir, mettre en place ce qu’on a travaillé avec Elvis, se retrouver sur les bonnes choses simples, ne pas se concentrer sur le score ou le jeu des autres. »

Lucie inspire le respect et l’admiration de ses consœurs, notamment de Jade Schaeffer qui se souvient avec délectation de sa première victoire sur le LET, en Allemagne en 2009, où les deux joueuses s’étaient retrouvées sur le podium, Jade en tant que vainqueur pro, Lucie en tant que meilleure joueuse amateur.

2015, Top 40 du LET en ne jouant que la moitié des tournois.

Bravo l’artiste

« Lucie est adorable, c’est une fille bien, très blagueuse, avec qui on rigole beaucoup, s’exclame Jade. Et il faut souligner qu’après deux ans de grosse galère sur le plan du jeu et des finances, elle a réussi l’exploit l’an dernier de finir dans les 40 premières du LET en ne jouant que la moitié des tournois. Bravo l’artiste ! » « Même pendant ces deux années où elle était vraiment dans le dur, elle arrivait à faire la part des choses et à rester toujours souriante, de bonne humeur », ajoute Mélodie Bourdy.

Quoique passée pro juste cette année, Alexandra Bonetti connaît Lucie depuis longtemps : « Quand jai intégré le pôle France à Toulouse, elle y était déjà et elle s’est toujours montrée disponible. C’est une fille très abordable, simple mais aussi très rigolote, et toujours prête à aider. Ça faisait quatre ans que je ne l’avais pas vue et c’était comme si on s’était vues la veille. Elle est très souriante, et très franche : s’il y a quelque chose qui va pas, elle le dit, c’est très appréciable. Mais elle est surtout une très bonne joueuse de golf, elle était l’une de mes modèles, et je suis surprise qu’elle ne soit pas encore au niveau au-dessus. Je suis sûre que ça va venir. »

Cela pourrait bien être dès cette année que Lucie a plutôt bien commencé bien que rien de déterminant ne se soit encore produit pour ce qui est des tournois importants. Faisant l’impasse sur les épreuves jouées en Australie et Nouvelle-Zélande, pour des raisons budgétaires, elle a commencé à l’Open de Chine.

Bon début de saison 2016

« Un cut franchi sans exploit mais ça m’a permis de mettre des choses en place, résume-t-elle. Je me suis rendue compte que ma routine ne servait à rien, qu’elle était vide de sens. Ce premier tournoi m’a bien mis dans le bain et m’a décidée à me botter les fesses, comme on dit. »

Décision immédiatement suivie d’effet lors du Terre Blanche Ladies Open, premier tournoi de la saison du LETAS, disputé début mars. Lucie n’a pas gagné mais mais c’est tout comme. Elle remportait le gros lot puisque la seule à l’avoir devancée est une joueuse amateur, l’Espagnole Luna Sobron. Par gros lot, il faut entendre le premier prix d’un tournoi du LETAS, à savoir 4800 euros !« Je ne vais certainement pas cracher dessus !, s’offusque Lucie. Huit fois 4800 euros ça veut dire une carte assurée et une saison financée ! »

Lors du Jabra Ladies Open, joué fin avril à Evian, Lucie obtenait un autre très bon résultat. Elle prenait en effet la deuxième place ex aequo, soit dit en passant, avec l’une de ses anciennes partenaires des championnats du monde de 2010, Manon Gidali.

Ces coups favoris restent tous ceux qui se situent en-dessous de 100 mètres

Il faut savoir que Lucie est capable de tout ! Notamment de réaliser des trous en un. Elle en compte déjà trois dont deux ont été réussis lors des cartes européennes ! Mais ses coups favoris restent tous ceux qui se situent en-dessous de 100 mètres, joués avec son 52° ou son 58°. « Ce sont des coups que l’on peut bricoler et qui sont plus satisfaisant qu’un drive monumental en plein milieu de fairway. Il faut avoir la liberté d’écouter son instinct, de lui faire confiance, parce que la mécanique ne fait pas tout. Et il faut aussi de la jugeote. »

Et il faut encore de la confiance tout court, ce qui se produit parfois à très haute dose. « Des fois, on se dit qu’on va rentrer un coup et souvent ça marche, s’étonne Lucie. C’est difficile à expliquer. On est persuadée qu’on va réussir, surtout sur des putts. On ne voit que le trou, énorme, on est sûre de rentrer et ça rentre ! Le mental joue beaucoup forcément. Je pense que dans ces moments-là on est en sur-confiance, on visualise le coup parfait et, sans doute inconsciemment, on arrive à le reproduire. »

Ah, les compétitions par équipes !

L’un des plus marquant dans sa panoplie de coups parfaits est le dernier qu’elle tapait lors de l’Open de France 2011 joué sur le parcours du PIGC, en région parisienne, et qui lui valait de prendre la quatrième place. Lucie s’en souvient comme si elle venait juste de le jouer : « C’était sur le 18, un par 5 en descente avec un green en île. J’ai tapé un bon drive et du coup la question s’est posée de tenter de toucher le green au deuxième coup. J’ai hésité pas mal mais mon caddy m’a convaincue de le jouer. Et j’ai rentré le putt pour eagle ! »

Mais son meilleur souvenir de golf date d’un autre monde. Du monde amateur en l’occurrence : « C’est le championnat du monde en 2010, pour la médaille de bronze, bien sûr, mais surtout parce que c’était par équipes. Nous sommes parties quinze jours en Argentine, tout s’était très bien passé. La motivation du jeu en équipe est très forte, et cela manque un peu quand on est pro. Et on ne peut plus trop courir vers une copine pour la féliciter parce qu’elle vient de jouer moins 5 ! »

Il ne faudrait pas en conclure que Lucie regretter le monde amateur. « Non, il faut évoluer. A la fin, j’étais presque dans une sorte de confort chez les amateurs. Quand on a fait le tour de quelque chose, il faut passer au cran au-dessus, au risque d’en chier un peu. Et à un certain âge, il faut y aller ! »

Une sacrée pêche !

Y aller, certes, mais sur le terrain, pas devant la télé. Mademoiselle André ne suit pas le golf devant le petit écran, ça la barbe d’autant plus qu’on voit toujours les mêmes parties. Pour être plus clair, elle n’a pas envie de se soûler avec ça. Sauf pour les tournois en match play, à savoir les Solheim Cup et les Ryder Cup.

De toutes façons, le golf féminin à la télé, là aussi il faut se lever tôt. Pas étonnant que toutes les jeunes joueuses n’aient pas vraiment de modèles auxquels s’identifier ou au moins dont s’inspirer. Lucie, quant à elle, invoque Annika Sorenstam, la prochaine capitaine de l’équipe européenne de Solheim Cup, mais avec une certaine retenue : « Entre les modèles et ce qu’on est capable de faire, il y a parfois un monde.. »

« Teddy Riner c’est un modèle de sport ! »

C’est par contre sans aucune réserve qu’elle évoque le judoka Teddy Riner : « C’est vraiment quelqu’un qui m’impressionne ! Ça fait 7 ou 9 ans qu’il est invaincu, ça commence à devenir une légende. Il se blesse parfois mais il revient bien, et il est toujours au top, il n’a jamais de coup de mou. Ça c’est un modèle de sport ! »

En dehors du golf et du judo, ou tout du moins de Teddy Riner, Lucie se passionne toujours pour le tennis, son premier sport, chronologiquement parlant, mais qu’elle continue de pratiquer, et surtout pour la préparation physique. « C’est ma deuxième passion, avoue-t-elle. Je ne fais pas de préparation physique spécifique pour le golf, mais j’en fais toute l’année, pour me sentir bien, pour évacuer toutes les tensions, pour me défouler, pour me donner la pêche. »

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