Un jeudi 12 septembre historique

Par Nathalie Vion pour la Fédération française de golf

Les trois Françaises pourront dire: «J’y étais!»
On ne reviendra pas plus longtemps sur le plaisir que tout le golf français peut avoir, ce jeudi 15 septembre, à célébrer la naissance officielle du tout nouveau cinquième Majeur féminin. Ni sur la fierté que les équipes haut-savoyardes de Franck Riboud, Jacques Bungert et Yannick Le Hec peuvent concevoir à lancer pour de bon «leur» Evian Championship. Ni sur le miracle que fut la rénovation du parcours où se déroulait «naguère», c’est à dire depuis 1994, l’Evian Masters. Place maintenant aux joueuses et à elles seules en cette fin d’été 2013 à marquer d’une pierre blanche! Place, déjà, à Karine Icher, Gwladys Nocera et Johanna Klatten. Trois Françaises qui diront un jour: «J’y étais!» C’est une chance que le public puisse voir évoluer ces trois profils-là, qui balayent bien le spectre du golf féminin français et ses différents niveaux de réussite ou d’espoirs.

Premier «French Major» au moment où Icher est au top
C’est une chance, pour commencer, que le «French Major» première édition coïncide avec la maturité sportive de Karine Icher, celle des trois qui a décidé de jouer la carte du LPGA Tour depuis près de dix ans maintenant. Patiemment, petit à petit, la joueuse de Châteauroux s’est fait un nom dans le golf mondial par cette voie US. Pour la première fois à Evian, le camp tricolore peut compter sur une joueuse qui a intégré le top 20 du Rolex Ranking (20e pile). Mieux, à l’issue d’un été régulier au plus haut niveau, qu’elle a achevé avec une victoire écrasante, démente, brillante, avec l’équipe européenne lors de la Solheim Cup dans le Colorado, le tout suivi d’une place de 2e à l’Open du Canada, Karine est 10e de la «Money List» du LPGA Tour. Ca vous pose une dame de la canne!

Pro-am Rolex avec Franck Riboud, Guido Barilla et Norbert Dentressangle
Ce mercredi à Evian, Karine jouait d’abord le traditionnel pro-am Rolex, où elle a partagé la partie de trois joueurs qui n’ont pas trop mal réussi dans la vie: Franck Riboud (donc le PDG de Danone, le patron de The Evian Championship et un des grands fans de Karine), Guido Barilla, l’un des frères italiens qui continuent à développer en famille la plus grande marque de «pasta» au monde et Norbert Dentressangle, le «régional» dont les camions de transport rouges sillonnent la France et la Navarre... Juste après cette balade en bonne compagnie, se déroula l’indispensable conférence de presse où la numéro 1 française est revenue sur l’enchaînement positif de ces dernières semaines: «Cette victoire en Solheim Cup restera comme l’un de mes plus grands souvenirs de carrière. J’en ai retiré une confiance qui s’est prolongée avec cette place de 2e à l’Open du Canada... Et cette chance («this luck» disait-elle puisque la conférence de presse s’est tenue principalement en anglais), j’espère que je vais la ramener ici, à Evian!»

«Du mauvais côté des greens, et vous êtes morte!»
Expérimentée, posée, répondant à toutes les questions sans exception avec beaucoup de maîtrise et de calme, la Françaises des Amériques, 31 ans, a rappelé que pour les meilleures mondiales, habituées de cette ambiance, le fait que le tournoi passe Majeur ne changera pas fondamentalement l’approche mentale: «Les joueuses le prenaient déjà comme un Majeur du temps de l’Evian Masters. Et on sait toutes que le champ ne peut pas être plus fort, il y a vraiment tout le monde!» En revanche, son analyse sur le nouveau parcours peut faire frémir: «La différence est complètement là. C’est beaucoup plus difficile. Avec la pluie et des fairways moins roulants, c’est beaucoup plus long. Et les greens sont vraiment terribles. Il va y avoir pas mal de trois putts... Si vous abordez les greens du mauvais côté, vous êtes morte! Mais si je putte bien, cela peut aller à mon jeu.» Conclusion déterminée quand même, après une question évoquant ses trente (!) top 10 signés en dix ans sur le LPGA Tour, dont sept «podiums» dans le top 3: «Oui, je sais faire des top 10. Mais je n’ai toujours pas gagné. Et j’espère que c’est pour bientôt!»

Gwladys Nocera, la femme du -29 de Göteborg, capable de tout
Rentrée plus tard du pro-am Rolex, où elle partageait la compagnie de Patrice Hagelauer, le DTN du tennis français, et de Florence Masnada, la multi-médaillée olympique et mondiale de ski alpin, Gwladys Nocera n’a pas non plus gagné sur le circuit américain. Mais on se souvient que malgré une brève parenthèse sur le LPGA Tour en 2010 et 2011, Gwladys y avait réussi, comme Karine Icher, à goûter au podium au moins une fois. En revanche, côté victoires, la joueuse de Moulins s’y connaît un tout petit peu! Onze succès en tout, sur le circuit européen depuis les débuts de la «petite» Nocera en 2002. Dont la dernière à l’Open de Slovaquie, en juin dernier, victoire ultra-bienvenue qui lui ouvrait les portes de The Evian Championship. Lors de ses cinq succès sur le LET en 2008, saison où elle fût sacrée numéro 1 européenne, on se souvient aussi du fameux «-29» sur quatre tours signé par Gwladys au Göteborg Masters. Une marque qui est toujours un record sur le circuit européen féminin. A 38 ans, actuelle 3e à l’Ordre du Mérite, la jeune femme est capable de tout d’un moment à l’autre. Surtout sur cette terre d’Evian avec laquelle elle a des comptes à régler.

Avec aussi Johanna... et le match Inbee Park/Stacy Lewis
Gwladys, Karine, les deux fines lames du golf féminin français d’un côté... Et de l’autre, Johanna Klatten, la belle histoire de cette sélection française pour The Evian Championship (lire son portrait ci-contre, «Johanna Klatten, la chouette histoire»)... Trois Bleues parmi l’aréopage multicolore des 120 meilleures golfeuses du monde... Inbee Park, la petite boule de talent sud-coréenne au putting si fin, réussira t-elle à rafler son quatrième Majeur de l’année après le Kraft Nabisco Championship, le LPGA Championship et le Women’s US Open? Stacy Lewis, la blonde américaine au visage si doux et si modeste, qui a déjà superbement buté sur l’Evian Masters (2e 2011, 2e 2012...), attendait-elle de son côté la grande année, l’année majeure 2013, pour s’imposer à Evian, elle qui vient de triompher en août au British Open? En tout cas, le match des deux géantes, respectivement n°1 et n°2 mondiales promet.

De toutes les couleurs, dont celles de Lydia Ko,
Park versus Lewis, donc... Mais avec des nuées d’arbitres en jupons prêtes à tirer les marrons du feu en cas d’absence momentanée des patronnes. A commencer par Lydia Ko, 16 ans, la petite amateur néo-zélandaise d’origine coréenne, qui ne prend pas encore l’argent mais qui veut déjà le beurre des grands succès (deux victoires sur le LPGA Tour, à l’Open du Canada 2012 et 2013). Devant toutes les pros et surtout à leur grand dam! Et puis il y a les intraitables Asiatiques, la tripotée de Sud-Coréennes et le clan très gourmet des Japonaises, toujours en verve à Evian. Ou bien la Norvégienne Suzann Pettersen, la plus grande joueuse européenne du LPGA Tour, qui finira bien un jour par mettre le feu au lac Léman. Et les Américaines jeunes ou moins jeunes, les Kerr, Korda, Thompson, Creamer, toujours là quand ça compte plus encore que d’habitude! On va en voir de toutes les couleurs dès ce jeudi 12 septembre. Kaléidoscopique. Epique. Historique, quoi.