Women’s British Open : avec Isabelle, Karine et Gwladys

Charley Hull dans son lit, mais face à Ko et compagnie
C’est à Woburn, à une petite centaine de kilomètres au nord-ouest de Londres, que débute ce jeudi l’open britannique féminin. Un site assez symbolique, puisqu’il reçut déjà neuf fois le Women’s British Open entre 1984 et 1999. Cette dixième levée est particulière puisque c’est la première fois que le Woburn Golf Club accueille l’événement depuis qu’il est devenu un Majeur en 2001. Le club est aussi le fief de Ian Poulter (qui participa à y faire revenir le British Masters comme étape du Tour européen en 2015) et de Charley Hull, 27e mondiale à vingt ans et l’un des plus grands talents du golf féminin actuel. La jeune joueuse de Solheim Cup, membre à Woburn depuis l’âge de dix ans, considère comme un plus de pouvoir dormir dans son lit tous les soirs de cette semaine du British. Mais face à une énorme adversité - Lydia Ko, la Néo-Zélandaise numéro 1 mondiale, la Canadienne Brooke Henderson, la Thaïlandaise Ariya Jutanugarn, toutes les Américaines, les Coréennes, les Japonaises…,  elle reste prudente avant d’attaquer le quatrième des cinq Majeurs de la saison : « Déjà, j’ai plus l’habitude de jouer les deux autres parcours, le Dukes et le Duchess’ , que le Marquess’. Et puis je dois essayer de ne pas trop penser, car il y aura beaucoup de pression et de focus sur moi… »

Pas de British Open pour la tenante du titre, Inbee Park
Au sujet du Marquess’ Course, dessiné par Peter Alliss, Clive Clark, Ross McMuray et Alex Hay en 2000, Charley Hull note qu’il est plus proche d’un « parcours à l’américaine » que de certains links fréquemment rencontrés à l’open britannique. Pas de comparaison avec 2015 et le Trump Turnberry Resort, où le splendide site venté de la côte écossaise voyait la victoire de la Sud-Coréenne Inbee Park (qui ne vient pas défendre son titre à Woburn, toujours à cause de douleurs au pouce gauche et d’une motivation en berne, comme elle l’a expliqué elle-même en juin). Pour Hull, le challenge de cette semaine sur des fairways souvent bordés d’arbres (« tree-lined ») sera aussi très différent de celui de l’édition 2014 au Royal Birkdale. Un souvenir important pour la jeune Anglaise puisque c’est là, à Southport, sur un parcours « linkissime » avec ses fameuses dunes de sable (et qui accueillera à nouveau l’open britannique messieurs en 2017), qu’elle obtint sa meilleure marque au Ricoh Womens’ British Open en se classant 12e…

Gwladys Nocera, 12e en 2014, a failli être en vacances
Coïncidence : c’est également au Royal Birkdale en 2014, et également avec une place de 12e (ex aequo avec miss Charley, donc, mais aussi avec Azahara Munoz, Anna Nordqvist et Stacy Lewis), que Gwladys Nocera avait signé son propre record de carrière à l’open britannique. L’aînée des joueuses françaises a toujours eu une prédilection pour ce Majeur-ci. Elle y compte d’autres belles performances : 16e en 2006, 17e en 2010… L’année dernière à Turnberry, même déçue par un dernier tour mouvementé qui la faisait reculer 44e, Gwladys avait quand même été la seule des huit Françaises engagées à passer le cut. C’est dire si ne pas jouer cette édition 2016, l’aurait touchée. « Si je ne vais pas au British, ce sera la première fois en quinze ans ! » notait-elle au début du mois de juillet à l’US Open à San Martin. A cause d’un premier semestre compliqué pour elle sur le LET, ce qui ne devait être qu’une formalité (figurer dans le top 25 de l’Ordre du mérite européen pour être qualifiée automatiquement) ne fonctionnait finalement plus pour la future sélectionnée olympique…

Mais elle gagne sa place en bataillant au Dundonald Links
Avant de partir en Californie, où elle allait signer son meilleur résultat de carrière à l’US Open (38e), la Française aux quatorze victoires sur le Tour européen (aussi vainqueur de l’Ordre du mérite en 2008 et quatre fois joueuse de Solheim Cup) avait bien tenté de solliciter une invitation pour le British : « Malheureusement, on m’a répondu que je m’y prenais trop tard, que ce n’était plus possible… » Pas d’autre possibilité que de se retrousser les manches : «Il me reste l’open d’Écosse, espérait-elle alors. Là, il y a trois places qualificatives pour le British (les trois mieux classées du tournoi parmi les joueuses évoluant sur le LET et non exemptées par ailleurs, ndlr). Et si ça ne marche pas au Scottish Open, j’irai tenter la dernière qualification (le 25 juillet au John O’Gant, seize joueuses retenues, ndlr). » Puissance de la motivation : en prenant la 6e place de l’Open d’Ecosse - le premier résultat normal entre guillemets de sa saison sur le LET - Nocera gagnait sa place au British Open, tout comme les Suédoises Hedwall, 5e, et Ramsay, 9e !

Isabelle Boineau, victoire à l’open d’Écosse le 24 juillet !
Le Ladies Scottish Open, du 22 au 24 juillet au Dundonald Links, débouchait sur un autre immense sourire : celui d’Isabelle Boineau. Déjà parmi le top 20 du ranking européen grâce, notamment, à sa belle place de 5e en mai à la Coupe Lalla Meryem au Maroc, Isabelle était déjà certaine pour l’open britannique. Elle ne venait donc pas chercher de qualification pour le Majeur anglais. Alors, visant le résultat et rien d’autre, elle a tout simplement trouvé… la victoire ! La première de sa carrière sur le LET. Et une sacrément grosse victoire. En devançant d’un coup la Suédoise Linda Wessberg au bout des trois journées écossaises, la Marseillaise a tutoyé le jackpot. Dans un open d’Écosse doté de 500 000 € (le double de pas mal d’autres semaines), son prize money de 75 000 € l’a hissée au deuxième rang de l’Ordre du mérite européen. Avec un total de 101 429 € à mi-saison, elle n’est plus qu’à 8000 points (euros) de l’Américaine Beth Allen, leader provisoire avec 109 426 €. Ça change pas mal de perspectives de saison…

Sa deuxième participation, après deux petits tours en 2015
Avec sa victoire en Écosse, miss Boineau s’est positionnée comme l’une des joueuses pouvant jouer la couronne européenne en 2016. D’autant que le gros de la saison est à venir, avec une douzaine de tournois du LET concentrés sur les quatre derniers mois de l’année. D’autant que son succès lui a donné une qualification pour l’Évian Championship en septembre. Et d’autant qu’elle est à Woburn, au Ricoh Women’s British Open, où il y a de gros points à prendre aussi. Isabelle dispute cette semaine son deuxième British Open seulement. L’année dernière à Turnberry, elle n’avait pas passé le cut, comme sept Françaises sur huit. Sur le difficile links écossais, où Donald Trump, déjà en campagne pour l’élection américaine, venait poser son hélicoptère à sa manière, si « délicieusement discrète », Isa Boineau avait un peu souffert : deux cartes de 78 et 81, pour un total de +15 le vendredi soir. Tous les paramètres sont différents cette semaine. La Française n’est plus en mode découverte. Elle arrive sur une géniale victoire. Elle est, de loin, la meilleure Bleue au classement du LET. Et elle sera à Woburn aux côtés de Karine Icher et Gwladys Nocera, les deux leaders tricolores au classement mondial et les deux sélectionnées olympiques pour les Jeux à Rio (tournoi féminin du 17-20 août).

Karine Icher, malchanceuse l’an dernier à Turnberry
Pour Karine Icher, les paramètres sont sans doute meilleurs aussi dans cette édition 2016 de l’open britannique. Avec plus de sérénité et, on l’espère, moins de malchance qu’en 2015 à Turnberry. Arrivée directement de Grand Rapids, dans le Michigan, où elle disputait un ultime tournoi du LPGA Tour, Karine avait eu des problèmes de bagages égarés entre les Etats-Unis et Édimbourg, source de stress et d’entraînement repoussé lors des journées de reconnaissance. Après cela, un horaire de départ réellement très défavorable lors du deuxième tour (une partie tardive de l’après-midi, sous des trombes d’eau et qui allait s’achever à la nuit, toujours sous une pluie battante) noyait littéralement ses chances de passer le cut. D’autant plus dommage qu’en 2015, la joueuse de Châteauroux était très en verve dans les Majeurs. Avec un bilan que beaucoup de joueuses et de joueurs pouvaient, et peuvent encore, lui envier : 11e du Ana Inspiration, 13e du KPMG Womens’ PGA Championship et, plus tard, 20e de The Evian Championship… 

Toujours le record des Bleues en activité : 10e en 2006
Cette année, c’est avec beaucoup plus de marge côté calendrier que Karine Icher arrive au British. Après l’US Open à CordeValle, en Californie (7-10 juillet), où elle en était à sa septième semaine de tournois à la suite, la Française ne s’est pas rendue au Marathon Classic (14-17 juillet), ni à l’UL International Crown à Chicago (21-24 juillet), qui était une épreuve par équipes, remportée par les Américaines. Plus de fraîcheur, donc. Mais en même temps toujours la même grande expérience pour Karine, qui n’est pas loin, comme Gwladys Nocera, de la quinzaine d’opens britanniques disputés. Depuis que le British féminin est passé Majeur, en 2001, c’est toujours Patricia Meunier-Lebouc, 5e en 2003, qui détient la meilleure performance des Bleues. Karine, 10e en 2006 au Royal Lytham & St Annes, est désormais la joueuse française en activité qui a signé le meilleur résultat dans ce tournoi. Record à battre. Autre performance à améliorer, collective celle-là : le nombre de Françaises à passer le cut d’un Majeur en 2016. Au Ana Inspiration, en avril dernier, Karine Icher finissait 32e. En juin au KPMG Women’s PGA Championship, Céline Herbin était 46e. En juillet à l’US Women’s Open, Gwladys Nocera terminait 38e. Mais il n’y a encore pas eu, cette année, plus d’une Française invitée dans le week-end d’un Majeur. On mise sur deux, voire trois sur trois, cette semaine ?